1848-49

Marx et Engels journalistes au coeur de la r�volution...

Une publication effectuée en collaboration avec la biblioth�que de sciences sociales de l'Universit� de Qu�bec.


La Nouvelle Gazette Rhénane

K. Marx

R�ponse de Fr�d�ric-Guillaume IV � la d�l�gation de la garde civique

n� 121, 20 octobre 1848


Cologne, 18 octobre.

Fr�d�ric-Guillaume IV a r�pondu aux f�licitations du commandant de la garde civique Rimpler � l'occasion du 15 octobre.

� Je sais qu'un peuple h�ro�que et vaillant est aussi un peuple fid�le. Mais n'oubliez pas que c'est de moi que vous tenez vos armes et que j'exige comme �tant votre devoir, que vous vous en serviez pour la d�fense de l'ordre, de la loi et de la libert�. �

Les rois constitutionnels sont irresponsables � condition de n'avoir pas � r�pondre de leurs actes - au sens constitutionnel naturellement. Leurs actes, leurs paroles, leurs gestes ne leur appartiennent pas, ils appartiennent aux ministres responsables.

Hansemann, lors de son exit, fit dire au roi que l'ordre de Stein � l'arm�e �tait inconciliable avec la monarchie constitutionnelle. Pfuel l'ex�cuta - au sens parlementaire, s'entend. Hansemann �tait compromis - au sens constitutionnel. Le roi lui-m�me ne s'�tait pas contredit, parce qu'il n'avait rien dit - toujours au sens constitutionnel.

La d�claration ci-dessus du roi n'est rien d'autre qu'une d�claration minist�rielle et en tant que telle, elle est soumise � la critique.

Si Pfuel pr�tend que le roi a cr�� la garde civique de son plein gr�, alors il pr�tend que le roi �tait l'instigateur de la r�volution de mars, ce qui est un non-sens - m�me au sens constitutionnel.

N'en parlons plus.

Apr�s avoir cr�� le monde et les rois de droit divin, Dieu laissa aux hommes l'industrie de moindre importance. Les � armes � etm�me les uniformes de lieutenant sont fabriqu�s suivant un proc�d� profane et le proc�d� profane de fabrication ne cr�e pas en partant du n�ant, comme l'industrie c�leste. Il a besoin de mati�res premi�res, d'instruments de travail, de salaire, choses que l'on r�sume sous le nom simple de frais de production. Ces frais de production, l'�tat les couvre gr�ce aux imp�ts et les imp�ts sont fournis par le travail de la nation. Du point de vue �conomique, il reste donc une �nigme � r�soudre : comment un roi peut-il donner quelque chose � un peuple ? Il faut d'abord que le peuple forge des armes et les donne au roi pour pouvoir recevoir des armes du roi. Le roi ne peut jamais donner que ce qui lui est donn�. Il en est ainsi sur le plan �conomique. Mais les rois constitutionnels apparaissent justement aux moments o� l'on est sur la piste de ce secret �conomique. Ce sont toujours les questions d'imp�t qui ont provoqu� au premier chef la chute des rois de droit divin. Ce fut �galement le cas en Prusse. M�me les marchandises immat�rielles, les privil�ges que les peuples se sont fait donner par les rois, non seulement ils les avaient donn�s au pr�alable au roi, mais ils en ont toujours pay� comptant la restitution, avec du sang et de l'argent sonnant et tr�buchant. Suivez par exemple l'histoire de l'Angleterre depuis le XI� si�cle, et vous pourrez calculer assez exactement combien chaque privil�ge constitutionnel a co�t� de cr�nes d�fonc�s et de livres sterling. M. Pfuel semble vouloir nous reporter au bon temps des Tableaux �conomiques de Davenant [1]. Dans le tableau portant sur la production anglaise, on lit notamment :

  1. Travailleurs productifs : rois, officiers, lords, eccl�siastiques, etc.
  2. Travailleurs improductifs : marins, paysans, tisserands, fileurs, etc.

D'apr�s ce tableau, le 1 cr�e et le 2 re�oit. C'est en ce sens que le roi donne, d'apr�s M. Pfuel.

La d�claration de M. Pfuel montre ce qu'on attend � Berlin du h�ros de � l'ordre et de la libert� croates [2] �.

Les derniers �v�nements de Berlin nous font penser aux heurts provoqu�s le 23 ao�t entre la garde civique et le peuple. Ce 23 ao�t a �t� suivi d'un 5 octobre.


Notes

[1] Essai anonyme paru � Londres en 1700, �crit par Charles Davenant : An Essay upon the probable methods of making a people gainers in the balance of trade.

[2] Jellachich.


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