"Si les trotskystes avaient été des « sectaires » impénitents ou des « rêveurs » utopistes, coupés de la réalité, croit-on vraiment qu'il aurait été nécessaire, pour venir à bout de leur existence - qui était en elle-même déjà une forme de résistance - de les massacrer jusqu'au dernier à Vorkouta ? Sur les millions de détenus libérés des camps de concentration après la mort de Staline, (...) les trotskystes survivants peuvent se compter sur les doigts d'une seule main ? Est-ce vraiment par hasard ?" Source : Cahiers Léon trotsky n°6, 1980. |
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Les trotskystes en Union Soviétique (1929-1938)
Visage de l'Opposition en 1930
C'est une Opposition de gauche presque renouvelée qui émerge en 1930, dans des conditions de répression infiniment aggravées, de sa crise de 1929. La majorité des « vieux‑bolcheviks », y compris ceux de l'Opposition de 1923, dont quelques-uns de ses plus prestigieux porte‑drapeau l'ont abandonnée, devenus, comme Radek et Piatakov, ses ennemis déterminés, ou, comme Ivan N. Smirnov ou Mratchkovsky, des hommes usés ne se sentant pas la force de poursuivre un combat pour lequel ils éprouvent pourtant de la sympathie.
Ce serait pourtant une erreur de croire que tous les vieux ont disparu. Il reste à l'Opposition au moins trois figures historiques de premier plan : Rakovsky, Sosnovsky, Mouralov.
Rakovsky a alors cinquante‑sept ans. Né en Roumanie, il a parcouru l'Europe, connu tous les dirigeants de la II° Internationale, combattu pendant la guerre dans le noyau internationaliste. Après 1917, où il a rejoint les bolcheviks, il a été président du conseil des commissaires du peuple d'Ukraine pendant la guerre civile, puis « exilé » comme ambassadeur, après avoir été, dès 1923, un des leaders de l'Opposition de gauche. Il a laissé en Ukraine de nombreux fidèles et le souvenir de sa lutte contre la russification. Il a été le porte‑parole de l'Opposition au XV° congrès ‑ pour les oppositionnels, il est le porte‑parole de Trotsky, auquel le lie une vieille amitié. Après la déclaration d'août 1929, il a été transféré à Barnaoul, dans les conditions d'un froid meurtrier pour son organisme de cardiaque. On pense que rien ne peut le faire plier et que Staline cherche à le faire mourir sans avoir à le tuer.
L. S. Sosnovsky a quarante‑quatre ans. C'est un vieux‑bolchevik de 1903 qui a connu lui aussi prison, déportation et émigration. C'est un grand journaliste, très populaire, champion, depuis l'époque de Lénine, de la lutte contre la bureaucratie et les koulaks dans la Pravda et dans Bednota, spécialisé dans la dénonciation des pratiques des bureaucrates du parti. Il est membre du noyau de l'Opposition depuis 1923 et s'est distingué en 1928 et 1929 par la virulence de ses attaques contre les capitulards. Staline veut le museler, enchaîner sa plume redoutable. Il y parvient : aucune nouvelle de Sosnovsky ne filtre plus à partir du moment où il est enfoui vivant dans la cellule de Tomsk destinée à lui servir de cercueil.
N. I. Mouralov est, lui aussi, à cinquante‑trois ans, un héros de légende. Ce fils de paysan, agronome, est lui aussi un bolchevik de 1903. Ce géant à été l'un des dirigeants de l'insurrection de 1905 où il a été poursuivi pour le meurtre d'un « cent-noir » pogromiste. En 1917, c'est lui qui commandait à Moscou les Gardes rouges qui ont pris d'assaut le Kremlin. Membre de l'état‑major de Trotsky pendant la guerre civile, il a été commandant militaire de la région de Moscou, puis inspecteur général de l'Armée rouge. Lui aussi est membre du noyau de l'opposition de gauche depuis 1923, un des proches de Trotsky.
Ces trois vieux‑bolcheviks sont très connus. Mais il y a encore en 1930 dans les rangs de l'opposition d'autres militants de leur génération qui sont seulement moins connus à l'étranger. Il y a d'abord le noyau des communistes géorgiens engagés dès 1922 dans la lutte contre Staline. Koté M. Tsintsadzé a quarante‑trois ans. Il n'avait guère plus de vingt ans quand il a dû vivre pendant des mois à Tiflis dans la cave où les bolcheviks avaient installé leur imprimerie clandestine. Il a connu prisons et bagnes. Il a dirigé la Tchéka, devenue G.P.U., dans la Géorgie reconquise. Il est tuberculeux et sa santé ne cesse de s'aggraver. Helena Tsulukidzé, « Lola », est, elle aussi, tuberculeuse. Lado Dumbadzé, autre bolchevik géorgien de l'époque héroïque, ancien président du soviet de Tiflis, grièvement blessé pendant la guerre civile, emprisonné dans l'isolement total depuis presque deux ans, est en train de perdre l'usage de ses deux bras. Parmi les vieux communistes géorgiens ‑ après la capitulation d'Okoudjava et Mdivani il reste en prison Vasso Donadzé, ancien membre du C.C., Zivzitadzé, ancien adjoint de Tsintsadzé, les deux frères de ce dernier et des dizaines d'autres qui ne sont pour nous que des noms. Lado Enoukidzé, lui, était en 1927 élève de l'Académie militaire, l'un des meilleurs cadres de l'Armée rouge : cet officier supérieur, qui a assuré volontairement la garde de Trotsky dans son appartement, reçoit en déportation des colis de son oncle Avelii, secrétaire de l'exécutif des soviets [1]. Otto Khristianovitch Aussein, lui, un fils d'instituteur, membre du parti en 1899, longtemps responsable de l'organisation militaire clandestine, consul à Paris en 1924, et son frère Vladimir, ancien partisan en Ukraine, sont de vieux amis de Rakovsky. On parle très peu d'eux.
Deux noms reviennent en revanche souvent sous la plume de Trotsky au début des années trente, ceux des Grünstein et de Kasparova que nous connaissons moins bien, mais qui semblent avoir eu une auréole de « vieux-bolcheviks ». Karl E. Grünstein appartient à l'ancienne génération ; il a été militant du parti social‑démocrate letton, où il était un ferme allié des bolcheviks, puis bolchevik, et a passé des années au bagne et en déportation. Pendant la guerre civile, il a commandé une division et joui de l'estime de Trotsky à qui il a été personnellement lié dès l'époque de la bataille de Kazan où il était à ses côtés. Après la guerre, il a commandé l'école d'aviation militaire et assuré le secrétariat de la société des anciens forçats. Couvert de décorations, il est avec Mouralov l'un des rares militants politiques à être devenu un militaire reconnu par ses pairs « professionnels ». Il est avec l'Opposition de gauche depuis 1923, a contresigné en 1929 la déclaration de Rakovsky. Il est déporté à Cherdyn avec sa femme Revecca et un enfant. Veronika S. Kasparova, elle, a également un long passé de militante, bolchevique depuis 1904, puis dans la section « femmes » de l'Internationale. Elle est déportée avec son fils, également membre de l'Opposition depuis 1923. Elle est cosignataire de la déclaration d'avril 1930, après avoir contresigné celle d'août 1929.
Boris M. Eltsine n'a que cinquante‑cinq ans, mais il est considéré par tous comme un « vieux ». Bolchevik en 1903, il a été l'un des dirigeants du parti et des soviets dans l'Oural en 1917, membre de l'exécutif des soviets en octobre. En 1923 il a été l'un des signataires de la fameuse « lettre des quarante‑six », point de départ de l'Opposition, et, depuis, l'un des dirigeants de l'Opposition de gauche, l'un des rédacteurs de la plate‑forme de 1927. En 1928 et pendant la première moitié de 1929 il a dirigé à Moscou le « centre » clandestin. Arrêté, il a été envoyé à Souzdal, dans une prison insalubre ‑ ancien monastère, dans un isolement total, atteint d'une maladie grave, tuberculose osseuse ou méningite cérébro‑spinale. Quand Staline lui a proposé des « négociations », il a répondu de sa cellule qu'il y était disposé à la condition que Trotsky soit rappelé d'exil et que les bolcheviks‑léninistes soient autorisés à tenir une conférence.
Vassili V. Kossior est un « vieux », plus jeune, trente‑neuf ans, ouvrier métallurgiste, bolchevik de 1907, ancien instructeur des métaux, délégué au IX°, X°, XI° congrès du parti, d'abord membre de la tendance « déciste » puis rallié à l'Opposition de gauche avec un groupe de militants. Son frère Stanislav est à l'époque l'un des hommes de confiance de Staline [2].
Quelques hommes appartiennent à la génération intermédiaire. Fiodor N. Dingelstedt est entré au parti en 1910. En février 1917, il était membre du comité bolchevique de Pétrograd et a été délégué par lui pour organiser le parti chez les marins de la base de Cronstadt. Il a été l'un des premiers diplômés de l'Institut des professeurs rouges, membre de l'Opposition de gauche dès sa constitution en 1923. Devenu directeur de l'Institut des forêts de Leningrad, il a obtenu un congé qui lui a permis de séjourner à Londres et d'y écrire un livre sur La Question agraire aux Indes publié à Moscou en 1927. Il a été déporté successivement à Kansk, puis à Roubtsovsk [3]. C'est l'un des dirigeants les plus connus en exil pour sa fermeté. Victor Serge écrit que « son visage, dans sa laideur inspirée et heurtée, exprimait une invincible obstination [4] ». Nous ne connaissons rien de la carrière militante d'Andréi Konstantinov, militant bolchevique depuis 1916, sauf le portrait admirable tracé de lui, des années après sa mort, par sa compagne de déportation, Maria M. Joffé [5].
Le gros de l'Opposition et de ses cadres de 1930 est formé d'hommes et de femmes encore jeunes, la génération de 1917. En majorité ce sont des gens qui étaient ouvriers, lycéens, étudiants, lorsqu'ils ont adhéré au parti en cette année 17 et qui ont combattu les années de guerre civile dans les rangs des partisans ou comme commissaires politiques. Ces jeunes ‑ la fine fleur du parti bolchevique ‑ se sont retrouvés après 1920 dans les facultés ouvrières, les rabfaki, et ils ont été les cadres de cette jeunesse étudiante/ouvrière qui a fourni le gros des troupes de l'Opposition de 1923. Certains ont même été parmi les premiers et les plus brillants élèves de cet Institut des professeurs rouges dont l'objectif était de rassembler l'élite des jeunes cadres bolcheviques afin de les former dans tous les domaines de la recherche politique et sociale. Ils sont au fond très représentatifs de cette couche sociale originale née de la révolution d'Octobre, cette « intelligentsia ouvrière » éprise de technique et de construction économique en même temps que passionnément adonnée à la cause de la révolution mondiale.
Plusieurs de ces jeunes ont été arrêtés en même temps que le noyau des « vieux » et déportés en même temps : ce sont ceux qui ont été liés à Trotsky, dans son secrétariat, ou qui ont été dirigeants de l'Opposition de gauche. C'est le cas des « secrétaires », Igor M. Poznansky, collaborateur de Trotsky dès 1917, organisateur de la cavalerie rouge, de N. Palatnikov, un « professeur rouge », de Nikolai M. Sermuks et de Nikolai Netchaiev, tous deux de l'état‑major du fameux train blindé. Victor B. Eltsine, qui est le fils de Boris Mikhailovitch, a rejoint le parti en 1917, présidé en 1918 le soviet de Viatsk, puis a été commissaire politique d'une division de l'Armée rouge pendant la guerre civile. Diplômé de l'Institut des professeurs rouges en 1926, comme économiste, il a collaboré à l'édition des Œuvres de Trotsky. Il en est de même pour Grigori Stopalov, recruté au lycée en 1917, organisateur clandestin des bolcheviks d'Ukraine sous la botte de Denikine, diplômé de l'I.P.R. en 1923, mari d'une enseignante de l'école du parti, Lembergskaia [6].
La biographie de Sokrat Guévorkian est presque identique : fils d'un ouvrier du pétrole de Bakou, organisateur de syndicats pendant la guerre, exclu pour son activité du lycée, il a adhéré au parti en 1917, fait la guerre civile, puis étudié à Moscou en rabfak, enseigné ensuite l'économie politique théorique. « Vieil » oppositionnel, il semble qu'il ait été arrêté en 1928 [7] et qu'il ait suivi I.N. Smirnov pendant quelques semaines à l'été 1929. Vassili F. Pankratov est un ancien marin de Cronstadt, membre de la délégation venue, au moment du putsch de Kornilov, rencontrer Trotsky dans sa prison et Kerensky dans son palais. Pendant la guerre civile, il a servi dans la Tchéka et après est devenu chef adjoint du G.P.U. en Transcaucasie. Il n'a été arrêté qu'en janvier 1930 [8].. Kh. M. Pevzner est aussi un homme d'Octobre, ancien de la guerre civile, où il était officier et a perdu l'usage d'un bras. Il travaillait au commissariat au finances et avait été compromis en 1927 dans l'affaire de l'imprimerie [9]. Selon un manuscrit samizdat récemment publié à l'étranger, il aurait été le gendre du chef du G.P.U. Iagoda [10]. Il semble en fait avoir été le mari de sa nièce. Sa jeune femme est tuberculeuse. Grigori Ia. Iakovine est, lui aussi, diplômé de l'Institut des professeurs rouges. C'est un historien, spécialiste de l'histoire contemporaine de l'Allemagne et il a vécu plusieurs années et d'où il a rapporté un bon livre. Victor Serge l'a décrit : « Trente ans, sportif, l'intelligence toujours en éveil, beau garçon, volontiers charmeur. » Il évoque sa période d' « illégalité ingénieuse, audacieuse et risquée [11] » de Moscou. Son rôle, au « centre », a été important. Eléazar Solntsev, à trente ans, est considéré comme un des hommes les plus doués de sa génération. Economiste, fonctionnaire du commerce extérieur en Allemagne puis aux États‑Unis, il a été rappelé la 1928 et arrêté dès son retour [12]. Citons encore les deux gendres Trotsky. Man Nevelson, le mari de Nina, était lycéen en 1917 quand il a organisé les J.C. puis les Gardes rouges. Commissaire politique de l'Armée rouge, il était en 1920 chef du département politique de la 5° Armée, et s'est reconverti comme économiste [13]. Son beau‑frère Platon I. Volkov, mari de Zinaïda est instituteur : il a été arrêté un peu après.
Le hasard des messages et des souvenirs ne nous a laissé que de longues listes et parfois des indications d'ordre personnel. Les trois sœurs Choumskaïa étaient des militantes de 1917, comme Moussia Magid, qui a organisé les partisans derrière les lignes de Denikine, comme l'ancien dirigeant des J.C. d'Ukraine Iakov Byk, comme les partisans sibériens Samuel et Pavel Papermeister. Leonid Guirchek, ancien reprétant commercial en Perse, Vassili M. Tchernykh, ancien commissaire de rouge, ancien chef de la Tchéka de l'Oural, Mikhail A. Polevoi sont pour nous que des noms restés dans la mémoire de Serge et les papiers d'exil [14]. Nous avons trouvé mention d'étudiants/ouvriers plus jeunes encore, de Karlo Patskachvili [15], fils de pauvres de Géorgie, étudiant à Moscou, de Karl Melnais, dirigeant des J. C. en 1926 et étudiant en mathématiques, de Sacha Miléchine, de Moscou aussi, de Faina Upstein, d'Odessa, recrutée en 1927, arrêtée en 1932. Certains des correspondants de Trotsky et Sedov, voire de Rakovsky, sont de toute évidence des cadres politiques dont nous ne savons presque rien, à commencer par L. Trigubov, un ancien de Kiev, mais aussi les jeunes A. Abramsky et N.I. Mekler, de Kharkov, G.M. Bagratov, Boris N. Viaznikovtsev, Mikhail Lebel, Tigran Askendarian, G. Khotimsky, Pavel I. Goloubtchik, I. Ia. Kievlenko, V. Sidorov. Il faudrait en outre consacrer une étude spéciale aux étrangers dont les prisonniers sont parfois des groupes entiers de responsables, de réfugiés, voire d'étudiants, chinois, yougoslaves, bulgares, autrichiens, italiens.
Ciliga a donné des éléments statistiques sur la population de l'isolateur de Verkhnéouralsk [16] : 15 % d'ouvriers seulement, ce qu'il se plaît à souligner, une majorité de jeunes intellectuels juifs, originaires surtout d'Ukraine et de Biélorussie (47 %), beaucoup de Géorgiens et d'Arméniens (27 %), dont une forte proportion de paysans, 30 % de Russes enfin où prédominent, dit-il, militaires et tchékistes. Le nombre total des détenus de l'isolateur nous paraît cependant bien faible pour étayer une statistique et en généraliser les conclusions. Les archives de Trotsky apportent quelques éléments supplémentaires : sur trois cent soixante-dix-huit déportés dont elles nous donnent pour 1928 le nom et le lieu d'origine, 66 % ont été arrêtés à Moscou et 10 % à Kharkov. Une évaluation donne plus de 20 % de juifs, de 7 à 8 % d'Arméniens et autant de Géorgiens. Nous avons pu également noter qu'on ne peut réduire l'intelligentsia ouvrière à la catégorie curieusement définie par Ciliga comme celle des « intellectuels juifs ». Les éléments donnés par les correspondants de Trotsky mentionnent un nombre élevé d'ouvriers arrêtés pour activités oppositionnelles. Les indications données en 1936 par Victor Serge conduisent en outre à remettre en question sérieusement les affirmations de Ciliga sur la proportion des ouvriers parmi les oppositionnels emprisonnés. Mikhail Bodrov, l'ancien courrier de l'Opposition à Alma-Ata, était un ouvrier métallo de Moscou. A Orenbourg se trouvaient en même temps que Serge, Alexis A. Santalov, ancien tourneur de Leningrad, combattant de 1905 et 1917, le casquettier de Leningrad Troukhanov, le tailleur de Minsk Boris I. Lakhovitsky, le tanneur ukrainien Iakov Byk et bien d'autres [17]. Nous savons par Maria M. Joffé que l’« étudiant » Patskachvili était arrivé pieds nus à Tiflis pour tenter l'aventure qui allait le mener en quelques années à l'université sans avoir jamais fréquenté l'école secondaire [18].
Tel est, sommairement esquissé, le visage des membres de cette Opposition de gauche dont le gros, à partir de 1930, est concentré essentiellement dans les isolateurs : ces hommes et ces femmes sont appelés à survivre dans les pires conditions matérielles et morales jusqu'au point final, la balle dans la nuque ou la rafale de mitrailleuse.
Notes
[1] Avelii S. Enoukidzé (1877‑1937), fils de paysan géorgien, cheminot, membre du parti en 1898, de l'exécutif des soviets en 1917, secrétaire de l'exécutif à partir de 1923, fut exclu du parti et relevé de toutes ses responsabilités pour « immoralité » en 1935, arrêté, condamné et exécuté en 1937.
[2] Stanislav V. Kossior (1889‑1939) était l'aîné des trois fils bolcheviques d'un ouvrier agricole polonais. Sidérurgiste, il entra au parti en 1907, combattit en Ukraine pendant la guerre civile, puis occupa des responsabilités de parti en Sibérie et en Ukraine. Il devait être arrêté en 1938 et exécuté un an après.
[3] Voir en annexe les deux déclarations de déportés dont on ne peut douter qu'il ait été l'inspirateur.
[4] V. Serge, Mémoires, p. 227.
[5] M. M. Joffé, One Long Nigbt (Londres 1978).
[6] Ces éléments sont tirés de différents numéros du Biulleten Oppositsii, particulièrement le n° 50, de mai 1936, pp. 17‑20.
[7] « Gevorkian Sokrat », Biulleten Oppositsii n° 51, juillet‑août 1936, p. 16.
[8] V. Serge, Destin..., p. 126. Vassili F. Pankratov était né vers 1894. Il a disparu après 1936.
[9] Biulleten Oppositsii no 50, mai 1936, p. 18.
[10] Renaissance du socialisme en U.R.S.S. Mémoires d'un bolchevik‑léniniste, p. 131.
[11] V. Serge, Mémoires, p. 227.
[12] « La Mort de Solntsev », Biulleten Oppositsii , n° 50, mai 1936, p. 17.
[13] The Militant, 26 décembre 1931.
[14] V. Serge, Destin..., p. 123‑130.
[15] Patskachvili et Miléchine sont cités par M. M. Joffé, op. cit, et par « M.B. » dans « Les Trotskystes à Vorkouta », Sotsialistitchestkii Vestnik, novembre‑décembre 1961.
[16] A. Ciliga, op. cit., p. 238-239.
[17] V. Serge, Destin.., p. 128-130.
[18] M. M. Joffé, op. cit., p. 58. En ce qui concerne la participation des ouvriers à l'Opposition, Dante Corneli, un communiste italien réfugié, membre de l'Opposition de gauche, qui capitula en 1929, donne dans ses mémoires, Le Ressuscité de Tivoli, quelques informations intéressantes sur l'usine Aviopribor de Moscou qui fut un des bastions de l'Opposition unifiée après avoir été celui de l’Opposition de 1923 : il a rencontré en prison le mécanicien Petoukhov. Il mentionne d'autre part une résolution de son usine de Rostov, Krasnaia Aktsia, exigeant en 1926 la restauration des normes démocratiques dans la vie du parti. Lui-même, en camp et en prison a rencontré nombre d'ouvriers notamment beaucoup qui provenaient de l'usine de roulements à bille Kaganovitch de Moscou, fondée à partir de travailleurs