Kadiköy, le 10 novembre 1931

Monsieur le Préfet

J'ai reçu aujourd'hui la visite d'un sergent de police qui a exigé de moi, en votre nom, de communiquer aux agents de la police qui demeurent dans notre maison, les noms et les adresses des personnes qui me visitent.

La police a tous les moyens nécessaires de s'informer sur tout ce qui l'intéresse, mais c'est exclu - pour moi-même ou pour quelqu'un de ma maison - de me soumettre à la prétention étrange et absolument contraire à la lettre aimable, écrite à moi, le 18 février 1929, par Monsieur le Vali, au nom du Gouvernement Turc.

J'espère que la Préfecture va éclaircir ce malentendu déplorable et rétablir la situation qui existait depuis mon arrivée en Turquie.

Léon Trotsky

PS. Si vous désirez, Monsieur le Préfet quelques renseignements supplémentaires, mon Secrétaire, Monsieur Jean Frankel, est tout à fait capable de vous en procurer.
L.T.

Monsieur le Préfet de Police
Ali Riza Bey, Istanboul