10 novembre 1931
Mon cher,
La dernière fois, je n'ai pas répondu à deux de tes questions : le Biulleten et les affaires espagnoles.
- Le Biulleten. On peut sortir un numéro avec tous les matériaux dont on dispose maintenant, mais de façon à ce qu'il ne m'incombe aucune obligation quant à cette sortie. Si on peut extraire des choses neuves des matériaux russes envoyés (je ne les ai pas encore lus), alors le numéro sera bon. Dans le département "reportages" on peut mettre quelques anecdotes soviétiques. Il ne reste "que" la question financière. Mais tu peux la voir plus clairement. En tout cas je ne pourrai pas m'occuper du Biulleten de tout le prochain mois.
- Sur l'Espagne. Ecris à Lacroix, s'il te plait et envoie une copie à Nin, quelque chose comme ça : blâmer Raymond est particulièrement hors de propos. J'étais très fortement partisan du plan pour créer un hebdomadaire espagnol et j'espérais participer matériellement dans une certaine mesure. Mais la possibilité en a été reportée pas éliminée mais reportée - de deux ou trois mois par rapport à la date prévue initialement. Dans ses calculs, Raymond était parti aussi de ma participation. C'est précisément pour cela qu'il a déposé la résolution à la conférence pour la transformation de la Vérité en hebdomadaire. Ainsi le problème n'est pas du tout la "mauvaise volonté" ou l' "irresponsabilité" d'un tel, mais un concours de circonstances malheureux. Si les camarades espagnols tiennent un mois et demi ou deux, nous émergerons. S'ils peuvent obtenir un prêt de quelqu'un, disons 250 dollars, alors je m'engagerai à le couvrir pour la fin de janvier. Au même moment je me préparerai à exercer une pression sur Lacroix concernant son traitement : en ce moment précis toute pression serait platonique.
10 novembre 1931
J'ai reçu aujourd'hui ta nº 64. Je m'empresse d'ajouter quelque chose.
- Concernant Petropolis il y a eu un malentendu total. Quand je disais dans la lettre que je prévoyais de possibles désagréments, c'est seulement parce que je considérais qu'ils étaient des hommes d'affaires médiocres et pas très scrupuleux et parce que j'aurais préféré agir officiellement. Il n'y avait pas d'autre idée dans ce que j'ai dit.
Tu as proposé de leur enlever "L'Ecole de la falsification", bien que tu aies pensé toi même qu'ils ne le feraient pas. Mais après tout dans ma lettre j'acceptais ta proposition : tout ce qui te restait était de leur demander officiellement de rendre le livre. Je ne vois pas bien ce sur quoi nous ne sommes pas d'accord ici.
- Sur le discours du 22 novembre, je peux faire un brouillon. Je ne peux le donner qu'en décembre. S'il existe une chance de le prononcer le 22 novembre, il faudrait le consacrer au thème selon lequel pas un seul ouvrier honnête ne permettrait aux fascistes d'arriver au pouvoir sans combat. J'ai écrit que l'appel de l'Opposition au P.C. devait être consacré à ce thème et qu'ainsi le projet de discours pouvait être totalement préparé à Berlin. Je ne peux m'en occuper parce que je suis surchargé ; en outre je suis repris par mes migraines malariennes.
- En ce qui concerne les affaires sino japonaises, je ne dirai rien maintenant pour les raisons indiquées ci dessus. La principale question maintenant est la situation intérieure du Japon. Il est tout à fait possible que, pour le régime japonais actuel, une nouvelle guerre se révèle être ce que fut la guerre russo japonaise pour la Russie tsariste. Malheureusement je ne sais rien de la vie intérieure du Japon au cours des deux dernières années. Je te conseille de t'intéresser à cette question, de prendre des articles, etc. Il sera alors possible de parler de perspectives. En général la conjoncture la plus importante et la plus significative est en train de prendre forme là bas.
- J'attends avec impatience des détails de toi sur la lettre reçue "de là bas". Peut on publier un numéro du Biulleten avec cette lettre ? Ou ne peut elle être publiée ?
- Ce que tu me dis des Grecs est tout à fait réconfortant. Ce serait bien de trouver un livre en allemand un peu plus à jour sur la Grèce moderne. Garde tes relations avec eux de toutes les façons possibles.