Kadiköy, le 7 nov. 1931
Très cher Maître Frankfurter
Il me faut avant tout tenter de vous expliquer pourquoi je vous écris tardivement.
A l'annonce de la nouvelle concernant la décision du tribunal, je me suis trouvé assez gêné pour trouver par quels moyens je pourrais vous exprimer mes remerciements vraiment profonds et sincères pour votre aide précieuse. J'ai donc écrit à mes amis de Berlin, pour leur demander conseil à ce sujet. Mais l'échange de correspondance entre Berlin et Kadiköy prend beaucoup de temps. C'est pourquoi je vous écrit sans plus tarder tout en me réservant le droit de vous exprimer ma reconnaissance autrement que par cette seule lettre.
Je me souviens avec quelle confiance vous avez pris l'affaire en mains, à un moment où nombre de mes amis et moi-même étions accablés de doutes. Et voilà que ce résultat brillant vous donne entièrement raison. Quant à moi, me voici libéré d'un éditeur fort désagréable et compromettant. Et cela n'est pas peu de choses !
Je me permets de vous faire parvenir en même temps le premier volume de mon "Histoire"