1930 |
Octobre 1930 : Face à la stabilisation de la bureaucratie, construire et souder une force fidèle au bolchévisme. |
Œuvres - octobre 1930
1 ou 2 partis en Belgique ?
Chers camarades,
Je puis à peine croire qu'après une année de lutte idéologique quelque chose de fondamental puisse être ajouté dans cette lettre à ce qui a déjà été dit jar les deux parties dans leur presse. Je vais me borner ici à une seule question, à savoir les perspectives d'un ou deux partis en Belgique.
La lutte pour l'Internationale Communiste est la lutte pour l'avant-garde du prolétariat mondial, pour l'héritage de la Révolution d'Octobre, et pour la préservation du bolchevisme. Nous ne sommes pas du tout enclins à croire que l'héritage révolutionnaire du passé est actuellement incorporé dans les "idéaux" du groupe Urbahns ou de quelques camarades de Bruxelles. L'héritage révolutionnaire est important. Nous devons apprendre à le réaliser.
Notre ligne générale n'exclut pas la possibilité pour nous, dans un pays ou un autre, conformément au rapport de forces, d'assumer le rôle d'un parti politique indépendant. Une telle condition exclusive dans un seul pays isolé ne changerait néanmoins pas le moins du monde notre orientation fondamentale pour régénérer l'I.C. Le parti indépendant des bolcheviks-léninistes dans un seul pays devrait agir en tant que section de l'I.C. et considérer le parti officiel plus faible comme une fraction, appliquant la tactique du front unique pour démontrer aux ouvriers où réside la responsabilité pour la scission.
Comme on le voit, cette position n'a rien de commun avec celle que vous défendez. Mais en tant que perspective pour la Belgique, la possibilité que je considérais comme une hypothèse s'est révélée hors de portée. Il y a deux ans, l'Opposition belge représentait certainement une force qu'il fallait prendre au sérieux. Mais la direction bruxelloise actuelle a manifesté pendant ce temps un manque de décision, une hésitation impardonnable sur toutes les questions et une tendance à soutenir tout groupe qui s'est opposé à l'Opposition internationale sur des questions fondamentales. Ouvertement ou en secret, vous avez soutenu Urbahns, Paz, Monatte et autres contre l'Opposition de gauche, bien que ces groupes n'aient rien de commun entre eux sauf leur haine des bolcheviks-léninistes. Les conséquences de semblable politique sont évidentes. Alors que, dans tous les autres pays sans exception, l'Opposition a fait de sérieux progrès dans toutes les directions ou au moins s'est consolidée idéologiquement, en Belgique, l'Opposition n'a cessé de s'affaiblir. Vous pouvez bien comprendre que l'Opposition internationale n'a aucune raison de placer la responsabilité de cette situation tragique sur d'autres que le comité exécutif de Bruxelles. Dans le compte-rendu de la conférence internationale d'avril, je lis la déclaration suivante du camarade Hennaut:
Je crois que, si les camarades de Charleroi persistent dans leur position intransigeante, il nous sera impossible de continuer notre coopération. Pour la base d'une lutte en commun, il faut un minimum de confiance".
L'Opposition internationale doit appliquer aujourd'hui ces mots au C.E. de Bruxelles. Le Secrétariat International n'est pas une boîte à lettres. C'est un organisme qui unit une fraction avec des idées communes à une échelle internationale. Comme vous le savez bien, j'ai insisté l'année dernière pour que les camarades de Charleroi continuent à coopérer avec vous. Avec les camarades français, j'avais espéré que, sur la base des expériences de collaboration, on pouvait arriver à une conciliation. Cet espoir ne s'est pas réalisé. Il ne reste rien à dire que ce qui est, avant tout que nous n'appartenons pas à la même fraction et en tirer les conclusions nécessaires.
J'approuve donc la conclusion que m'ont présentée les camarades de Charleroi, la rédaction de La Vérité et le camarade Obin dans leur critique de votre déclaration.