1934-38 |
Ce texte est constitué d'articles écrits entre 1934 et 1938 sur la situation politique en France. Ces articles ont étés publiés en Français dans "Le mouvement communiste en France". |
Où va la France ?
Encore une fois, où va la france?
(fin mars 1935)
La première et la plus importante prémisse d'une situation révolutionnaire, c'est l'exacerbation intolérable des contradictions entre les forces productives et les formes de la propriété. La nation cesse d'aller de l'avant. L'arrêt dans le développement de la puissance économique et, encore plus, sa régression signifient que le système capitaliste de production s'est définitivement épuisé et doit céder la place au système socialiste.
La crise actuelle, qui embrasse tous les pays et rejette l'économie des dizaines d'années en arrière, a définitivement poussé le système bourgeois jusqu'à l'absurde. Si à l'aurore du capitalisme des ouvriers affamés et ignorants ont brisé les machines, maintenant ceux qui détruisent les machines et les usines ce sont les capitalistes eux-mêmes. Avec le maintien ultérieur de la propriété privée des moyens de production, l'humanité est menacée de barbarie et de dégénérescence.
La base de la société, c'est son économie. Cette base est mûre pour le socialisme dans un double sens : la technique moderne a atteint un tel degré qu'elle pourrait assurer un bien-être élevé au peuple et à toute l'humanité ; mais la propriété capitaliste, qui se survit, voue les peuples à une pauvreté et à des souffrances toujours plus grandes.
La prémisse fondamentale, économique, du socialisme existe depuis déjà longtemps. Mais le capitalisme ne disparaîtra pas de lui-même de la scène. Seule la classe ouvrière peut arracher les forces productives des mains des exploiteurs et des étrangleurs. L'histoire pose avec acuité cette tâche devant nous. Si le prolétariat se trouve pour telle ou telle raison incapable de renverser la bourgeoisie et de prendre le pouvoir, s'il est, par exemple, paralysé par ses propres partis et ses propres syndicats, le déclin de l'économie et de la civilisation se poursuivra, les calamités s'accroîtront, le désespoir et la prostration s'empareront des masses, le capitalisme-décrépit, pourrissant, vermoulu-étranglera toujours plus fort les peuples, en les entraînant dans l'abîme de nouvelles guerres. Hors de la révolution socialiste, point de salut.
Le présidium de l'Internationale communiste essaya d'abord d'expliquer que la crise commencée en 1929 était la dernière crise du capitalisme. Deux ans après, Staline déclara que la crise actuelle n'est "vraisemblablement" pas encore la dernière. Nous rencontrons aussi dans le camp socialiste la même tentative de prophétie: la dernière crise ou non ?
"Il est imprudent d'affirmer, écrit Blum dans Le Populaire du 23 février, que la crise actuelle est comme un spasme suprême du capitalisme, le dernier sursaut avant l'agonie et la décomposition."
C'est le même point de vue qu'a Grumbach, qui dit le 26 février, à Mulhouse :
"D'aucuns affirment que cette crise est passagère; les autres y voient la crise finale du système capitaliste. Nous n'osons pas encore nous prononcer définitivement."
Dans cette façon de poser la question, il y a deux erreurs cardinales : premièrement, on mêle ensemble la crise conjoncturelle et la crise historique de tout le système capitaliste ; secondement, on admet qu'indépendamment de l'activité consciente des classes, une crise puisse d'elle-même être la "dernière" crise.
Sous la domination du capital industriel, à l'époque de la libre concurrence, les montées conjoncturelles dépassaient de loin les crises; les premières étaient la "règle", les secondes l'"exception"; le capitalisme dans son ensemble était en montée. Depuis la guerre, avec la domination du capital financier monopolisateur, les crises conjoncturelles surpassent de loin les ranimations; on peut dire que les crises sont devenue la règle, les montées l'exception; le développement économique dans son ensemble va vers le bas, et non vers le haut.
Néanmoins, des oscillations conjoncturelles sont inévitables et avec le capitalisme malade elles se perpétueront tant qu'existera le capitalisme. Et le capitalisme se perpétuera tant que la révolution prolétarienne ne l'aura pas achevé. Telle est la seule réponse correcte.
Le révolutionnaire prolétarien doit avant tout comprendre que le marxisme, seule théorie scientifique de la révolution prolétarienne, n'a rien de commun avec l'attente fataliste de la "dernière" crise. Le marxisme est par son essence même une direction pour l'action révolutionnaire. Le marxisme n'ignore pas la volonté et le courage, mais les aide à trouver la voie juste.
Il n'y a aucune crise qui d'elle-même puisse être "mortelle" pour le capitalisme. Les oscillations de la conjoncture créent seulement une situation dans laquelle il sera plus facile ou plus difficile au prolétariat de renverser le capitalisme. Le passage de la société bourgeoise à la société socialiste présuppose l'activité de gens vivants, qui font leur propre histoire. Ils ne la font pas au hasard ni selon leur bon plaisir, mais sous l'influence de causes objectives déterminées. Cependant, leurs propres actions-leur initiative, leur audace, leur dévouement ou, au contraire, leur sottise et leur lâcheté-entrent comme des anneaux nécessaires dans la chaîne du développement historique.
Personne n'a numéroté les crises du capitalisme et n'a indiqué par avance laquelle d'entre elles serait la "dernière". Mais toute notre époque et surtout la crise actuelle dictent impérieusement au prolétariat: Prends le pouvoir! Si, pourtant, le parti ouvrier, malgré des conditions favorables, se révèle incapable de mener le prolétariat à la conquête du pouvoir la vie de la société continuera nécessairement sur les bases capitalistes-jusqu'à une nouvelle crise ou une nouvelle guerre, peut-être jusqu'au complet effondrement de la civilisation européenne.
La guerre impérialiste de 1914-1918 représenta aussi une "crise" dans la marche du capitalisme, et bien la plus terrible de toutes les crises possibles. Dans aucun livre il ne fut prédit si cette guerre serait la dernière folie sanglante du capitalisme ou non. L'expérience de la Russie a montré que la guerre pouvait être la fin du capitalisme. En Allemagne et en Autriche le sort de la société bourgeoise dépendit entièrement en 1918 de la social-démocratie, mais ce parti se révéla être le domestique du capital. En Italie et en France, le prolétariat aurait pu à la fin de la guerre conquérir le pouvoir, mais il n'avait pas à sa tête un parti révolutionnaire. En un mot, si la II° Internationale n'avait pas trahi au moment de la guerre la cause du socialisme pour le patriotisme bourgeois, toute l'histoire de l'Europe et de l'humanité se présenterait maintenant tout autrement. Le passé, assurément, n'est pas réparable. Mais on peut et on doit apprendre les leçons du passé.
Le développement du fascisme est en soi le témoignage irréfutable du fait que la classe ouvrière a terriblement tardé à remplir la tâche posée depuis longtemps devant elle par le déclin du capitalisme.
La phrase: cette crise n'est pas encore la "dernière", ne peut avoir qu'un seul sens: malgré les leçons de la guerre et des convulsions de l'après-guerre, les partis ouvriers n'ont pas encore su préparer ni eux-mêmes, ni le prolétariat, à la prise du pouvoir; pis encore, les chefs de ces partis ne voient pas encore jusqu'à maintenant la tâche elle-même, en la faisant retomber d'eux-mêmes, du parti et de la classe sur le "développement historique". Le fatalisme est une trahison théorique envers le marxisme et la justification de la trahison politique envers le prolétariat, c'est-à-dire la préparation d'une nouvelle capitulation devant une nouvelle "dernière" guerre.
Le fatalisme de la social-démocratie est un héritage de l'avant-guerre, quand le capitalisme grandissait presque sans cesse, que s'accroissait le nombre des ouvriers, qu'augmentait le nombre des membres du parti, des voix aux élections et des mandats. De cette montée automatique naquit peu à peu l'illusion réformiste qu'il suffit de continuer dans l'ancienne voie (propagande, élections, organisation) et la victoire viendra d'elle-même.
Certes, la guerre a détraqué l'automatisme du développement. Mais la guerre est un phénomène "exceptionnel". Genève aidant, il n'y aura plus de nouvelle guerre, tout rentrera dans la norme, et l'automatisme du développement sera rétabli.
A la lumière de cette perspective, les paroles: "Ce n'est pas encore la dernière crise", doivent signifier: "Dans cinq ans, dans dix ans, dans vingt ans, nous aurons plus de voix et de mandats, alors, il faut l'espérer, nous prendrons le pouvoir." (Voir les articles et discours de Paul Faure [1] . Le fatalisme optimiste, qui semblait convaincant il y a un quart de siècle, résonne aujourd'hui comme une voix d'outre-tombe. Radicalement ; fausse est l'idée qu'en allant vers la crise future le prolétariat deviendra infailliblement plus puissant que maintenant. Avec la putréfaction ultérieure inévitable du capitalisme le prolétariat ne croîtra pas et ne se renforcera pas, mais se décomposera, rendant toujours plus grande l'armée des chômeurs et des lumpen-prolétaires; la petite bourgeoisie entre-temps se déclassera et tombera dans le désespoir. La perte de temps ouvre une perspective au fascisme, et non à la révolution prolétarienne.
Il est remarquable que l'Internationale communiste aussi, bureaucratisée jusqu'à la moelle, ait remplacé la théorie de l'action révolutionnaire par la religion du fatalisme. Il est impossible de lutter, car "il n'y a pas de situation révolutionnaire". Mais une situation révolutionnaire ne tombe pas du ciel, elle se forme dans la lutte des classes. Le parti du prolétariat est le plus important facteur politique quant à la formation d'une situation, révolutionnaire. Si ce parti tourne le dos aux tâches révolutionnaires, en endormant et en trompant les ouvriers pour jouer aux pétitions et pour fraterniser avec les radicaux, il doit alors se former non pas une situation révolutionnaire, mais une situation contre-révolutionnaire.
Le déclin du capitalisme, avec le degré extraordinairement élevé des forces productives, est la prémisse économique de la révolution socialiste. Sur cette base se déroule la lutte des classes. Dans la lutte vive des classes se forme et mûrit une situation révolutionnaire.
Comment la grande bourgeoisie, maîtresse de la société contemporaine, apprécie-t-elle la situation actuelle, et comment agit-elle ? Le 6 février 1934 ne fut inattendu que pour les organisations ouvrières et la petite bourgeoisie. Les centres du grand capital participaient depuis longtemps au complot, avec le but de substituer par la violence au parlementarisme le bonapartisme (régime "personnel"). Cela veut dire: les banques, les trusts, l'état-major, la grande presse jugeaient le danger de la révolution si proche et si immédiat qu'ils se dépêchèrent de s'y préparer par un "petit" coup d'Etat.
Deux conclusions importantes découlent de ce fait : 1) les capitalistes, dès avant 1934, jugeaient la situation comme révolutionnaire ; 2) Ils ne restèrent pas à attendre passivement le développement des événements, pour recourir à la dernière minute à une défense "légale", mais ils prirent; eux-mêmes l'initiative, en faisant descendre leurs bandes dans la rue. La grande bourgeoisie a donné aux ouvriers une leçon inappréciable de stratégie de classe!
L'Humanité répète que le "front unique" a chassé Doumergue. Mais, c'est, pour parler modérément, une fanfaronnade creuse. Au contraire, si le grand capital a jugé possible et raisonnable de remplacer Doumergue par Flandin, c'est uniquement parce que le Front unique, comme la bourgeoisie s'en est convaincue par l'expérience, ne représente pas encore un danger révolutionnaire immédiat: "Puisque les terribles chefs de l'Internationale communiste, malgré la situation dans le pays, ne se préparent pas à la lutte, mais tremblent de peur, cela veut dire qu'on peut attendre pour passer au fascisme. Inutile de forcer les événements et de compromettre prématurément les radicaux, dont on peut encore avoir besoin." C'est ce que disent les véritables maîtres de la situation. Ils maintiennent l'union nationale et ses décrets bonapartistes, ils mettent le Parlement sous la terreur, mais ils laissent se reposer Doumergue. Les chefs du capital ont apporté ainsi une certaine correction à leur appréciation primitive, en reconnaissant que la situation n'est pas immédiatement révolutionnaire, mais pré-révolutionnaire.
Seconde leçon remarquable de stratégie de classe! Elle montre que même le grand capital, qui a à sa disposition tous les leviers de commande, ne peut apprécier d'un seul coup a priori et infailliblement la situation politique dans toute sa réalité : il entre en lutte et dans le processus de la lutte, sur la base de l'expérience de la lutte, il corrige et précise son appréciation. Tel est en général le seul moyen possible de s'orienter en politique exactement et en même temps activement.
Et les chefs de l'Internationale communiste ? A Moscou, à l'écart du mouvement ouvrier français, quelques médiocres bureaucrates, mal renseignés, en majorité ne lisant pas le français, donnent à l'aide de leur thermomètre le diagnostic infaillible : "La situation n'est pas révolutionnaire." Le Comité central du Parti communiste français est tenu, en fermant yeux et oreilles, de répéter cette phrase creuse. La voie de l'Internationale communiste est la voie la plus courte vers l'abîme !
Le parti radical représente l'instrument politique de la grande bourgeoisie, qui est le mieux adapté aux traditions et aux préjugés de la petite bourgeoisie. Malgré cela, les chefs les plus responsables du radicalisme, sous le fouet du capital financier, se sont humblement inclinés devant le coup d'Etat du 6 février, dirigé immédiatement contre eux. Ils ont reconnu ainsi que la marche de la lutte des classes menace les intérêts fondamentaux de la "nation", c'est-à-dire de la bourgeoisie, et se sont vus contraints de sacrifier les intérêts électoraux de leur parti. La capitulation du plus puissant parti parlementaire devant les revolvers et les rasoirs des fascistes est l'expression extérieure de l'effondrement complet de l'équilibre politique du pays. Mais celui qui prononce ces mots dit par cela même: la situation est révolutionnaire ou, pour parler plus exactement, pré-révolutionnaire [2].
Les processus qui se déroulent dans les masses de la petite bourgeoisie ont une importance exceptionnelle pour apprécier la situation politique. La crise politique du pays est avant tout la crise de la confiance des masses petites bourgeoises dans leurs partis et leurs chefs traditionnels. Le mécontentement, la nervosité, l'instabilité, l'emportement facile de la petite bourgeoisie sont des traits extrêmement importants d'une situation pré-révolutionnaire. De même que le malade brûlant de fièvre se met sur le côté gauche, la petite bourgeoisie fébrile peut se tourner à droite ou à gauche. Selon le côté vers lequel se tourneront dans la prochaine période les millions de paysans, d'artisans, de petits commerçants, de petits fonctionnaires français, la situation pré-révolutionnaire actuelle peut se changer aussi bien en situation révolutionnaire que contre-révolutionnaire.
L'amélioration de la conjoncture économique pourrait-pas pour longtemps-retarder, mais non pas arrêter la différenciation à droite ou à gauche de la petite bourgeoisie. Au contraire, si la crise allait s'approfondissant, la faillite du radicalisme et de tous les groupements parlementaires qui gravitent autour de lui irait à une vitesse redoublée.
Il ne faut pas toutefois penser que le fascisme doive nécessairement devenir un puissant parti parlementaire, avant qu'il se soit emparé du pouvoir. C'est ainsi que cela se passa en Allemagne, mais en Italie ce fut autrement. Pour le succès du fascisme il n'est pas du tout obligatoire que la petite bourgeoisie ait rompu préalablement avec les anciens partis "démocratiques": il suffit qu'elle ait perdu la confiance qu'elle avait en eux et qu'elle regarde avec inquiétude autour d'elle, en cherchant de nouvelles voies.
Aux prochaines élections municipales, la petite bourgeoisie peut encore donner un nombre très important de ses voix aux radicaux et aux groupes voisins, par l'absence d'un nouveau parti politique, qui réussirait à conquérir la confiance des paysans et des petites gens des villes. Et en même temps un coup de force militaire du fascisme peut se produire, avec l'aide de la grande bourgeoisie, dès quelques mois après les élections et par sa pression attirer à lui les sympathies des couches les Plus désespérées de la petite bourgeoisie.
C'est pourquoi ce serait une grossière illusion de se consoler en pensant que le drapeau du fascisme n'est pas encore devenu populaire dans la province et dans les villages. Les tendances antiparlementaires de la petite bourgeoisie peuvent, en s'échappant du lit de la politique parlementaire officielle des partis, soutenir directement et immédiatement un coup d'Etat militaire, lorsque celui-ci deviendra nécessaire pour le salut du grand capital. Un tel mode d'action correspond beaucoup plus à la fois aux traditions et au tempérament de la France [3] .
Les chiffres des élections ont, bien entendu, une importance symptomatique. Mais s'appuyer sur ce seul indice serait faire preuve de crétinisme parlementaire. Il s'agit de processus plus profonds, qui, un mauvais matin, peuvent prendre à l'improviste messieurs les parlementaires. Là, comme dans les autres domaines, la question est tranchée non pas par l'arithmétique, mais par la dynamique de la lutte. La grande bourgeoisie n'enregistre pas passivement l'évolution des classes moyennes, mais prépare les tenailles d'acier à l'aide desquelles elle pourra saisir au moment opportun les masses torturées par elle et désespérées.
La pensée marxiste est dialectique : elle considère tous les phénomènes dans leur développement, dans leur passage d'un état à un autre La pensée du petit bourgeois conservateur est métaphysique : ses conceptions sont immobiles et immuables, entre les phénomènes il y a des cloisonnements imperméables. L'opposition absolue entre une situation révolutionnaire et une situation non-révolutionnaire représente un exemple classique de pensée métaphysique, selon la formule: ce qui est, est-ce qui n'est pas, n'est pas, et tout le reste vient du Malin.
Dans le processus de l'histoire, on rencontre des situations stables tout à fait non-révolutionnaires. On rencontre aussi des situations notoirement révolutionnaires. Il existe aussi des situations contre-révolutionnaires (il ne faut pas l'oublier !). Mais ce qui existe surtout à notre époque de capitalisme pourrissant ce sont des situations intermédiaires, transitoires : entre une situation non-révolutionnaire et une situation pré-révolutionnaire, entre une situation pré-révolutionnaire et une situation révolutionnaire ou... contre-révolutionnaire. C'est précisément ces états transitoires qui ont une importance décisive du point de vue de la stratégie politique.
Que dirions-nous d'un artiste qui ne distinguerait que les deux couleurs extrêmes dans le spectre? Qu'il est daltonien ou à moitié aveugle et qu'il lui faut renoncer au pinceau. Que dire d'un homme politique qui ne serait capable de distinguer que deux états: "révolutionnaire" et "non-révolutionnaire" ? Que ce n'est pas un marxiste, mais un stalinien, qui peut faire un bon fonctionnaire, mais en aucun cas un chef prolétarien.
Une situation révolutionnaire se forme par l'action réciproque de facteurs objectifs et subjectifs. Si le parti du prolétariat se montre incapable d'analyser à temps les tendances de la situation pré-révolutionnaire et d'intervenir activement dans son développement, au lieu d'une situation révolutionnaire surgira inévitablement une situation contre-révolutionnaire. C'est précisément devant ce danger que se trouve actuellement le prolétariat français. La politique à courte vue, passive, opportuniste du front unique, et surtout des staliniens, qui sont devenus son aile droite, voilà ce qui constitue le principal obstacle sur la voie de la révolution prolétarienne en France.
[1] secrétaire général de la SFIO.
[2] Il est extrêmement caractéristique de la bureaucratie ouvrière petite-bourgeosie effrayée, surtout des staliniens, qu’elle se soit alliée aux radicaux "pour lutter contre le fascisme" après que les radicaux eussent révélé leur incapacité à lutter contre le fascisme. Le cartel électoral avec les radicaux, qui était un crime du point de vue des intérêts historiques du prolétariat avait au moins, dans les cadres restreints, son sens pratique. L’alliance extra-parlementaire avec les radicaux contre le fascisme est non seulement un crime, mais encore une idiotie. (note de l’auteur).
[3] Le marxisme n’ignore nullement - notons-le en passant - des éléments comme la tradition et le tempérament national. La direction fondamentale du développement est déterminée par la marche de la lutte de classes. Mais les formes du mouvement, son rythme, etc. peuvent varier beaucoup sous l’influence du tempérament et des traditions nationales, qui à leur tour, se sont formées dans le passé sous l’influence de la lutte classes.