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Ainsi que nous l'avons dit à la fin du chapitre précédent, nous supposons, dans cette première partie, que le profit donné par un capital est égal à la plus-value qu'il produit pendant une période déterminée de circulation. Provisoirement nous faisons abstraction de la subdivision de la plus - value en intérêt, rente, impôts, etc., et de la différence qui se présente dans la plupart des cas entre elle et le profit, ainsi que le montrera l'étude du taux moyen du profit à laquelle nous consacrerons notre deuxième partie.
Le profit étant supposé quantitativement égal à la plus - value, sa grandeur absolue et son taux seront déterminés par des rapports entre des nombres donnés ou à déterminer dans chaque cas. Notre analyse sera donc d'abord purement mathématique.
Nous conservons les notations admises dans les premier et deuxième volumes de cet ouvrage. Le capital total C se subdivise en capital constant c et capital variable v ; il produit une plus-value pl . Le rapport de cette plus-value au cap ital variable est le taux de la plus-value ; nous le désignerons par pl' , de sorte que nous avons : pl / v = pl’ ; d'où pl = pl' v.
Lorsque nous considérons la plus-value comme produite, non par le capital variable, mais par le capital total, nous lui donnons le nom de profit ( p ) ; son rapport au capital total C constitue le taux ( p' ) du profit :
p' = pl / C = = pl / (C + v ) |
En remplaçant pl par son équivalent pl' v , nous avons :
p ’ = pl’ * ( v / C) = pl’ * ( v /( c + v )) |
égalité qui peut se mettre sous forme de proportion :
p ’ : p l' = v / C |
Le taux du profit est au taux de la plus-value comme le capital variable est au capital total.
Il résulte de là que p' , le taux du profit, est toujours plus petit que pl' , le taux de la plus-value ; car sauf le seul cas (impossible en pratique) où il y aurait exclusivement une avance de salaire et où, le capital constant ( c ) étant nul, on aurait v = C, le capital variable ( v ) est toujours plus petit que C = c + v .
Dans notre recherche, nous devrions cependant tenir compte d'autres facteurs qui exercent une influence sur les grandeurs de c, de v et de pl . Ces facteurs sont :
Il en est de même des trois autres facteurs : durée de la journée de travail, intensité du travail et salaire. Leur influence sur la masse et le taux de la plus-value a été longuement développée dans le premier volume de cet ouvrage. Bien que dans un but de simplification, nous ayons toujours admis que ces trois facteurs restent constants, il est cependant clair qu'ils peuvent varier lorsque des modifications se produisent dans les valeurs de v et de pl . Et à ce sujet, il convient de se rappeler que le salaire exerce, sur l'importance et le taux de la plus-value, une action inverse de celle de la durée et de l'intensité du travail : alors qu'une hausse des salaires diminue la plus-value, l'accroissement des heures et de l'intensité du travail l'augmente.
Admettons, par ex., qu'un capital de 100, occupant 20 ouvriers pendant 10 heures par jour et pour un salaire hebdomadaire de 20, donne une plus-value de 20. Nous aurons :
80 c + 20 v + 20 p l ; p l' = 100 %; p ' = 20 % |
Supposons que, sans que le salaire soit augmenté, la journée de travail soit portée à 15 heures. La valeur produite par les 20 ouvriers passera donc de 40 à 60 (10 : 15 = 40 : 60), et le salaire v restant invariable, la plus-value s'élèvera de 20 à 40. Ce qui nous conduira à :
80 c + 20 v + 28 pl ; p l' = 200 %; p' = 40 % |
Mais si, la journée de travail restant invariable à 10 heures, le salaire tombait de 20 à 12, la valeur produite serait de 40 comme dans la première supposition ; toutefois sa répartition serait différente : v tomberait à 12 et pl s'élèverait à 28, de sorte que nous aurions :
80 c + 12 v + 40 pl ; p l' = 233 ⅓ % ; p' = 28/92 = 30 * (10/23) % |
Nous voyons ainsi qu'une augmentation des heures de travail (et il en est de même d'un accroissement de l'intensité du travail) ou une diminution du salaire augmentent la masse et le taux de la plus-value, tandis qu'une augmentation du salaire à une influence inverse, toutes autres circonstances restant égales. Lorsque v augmente par suite d'un accroissement du salaire, il y a une quantité, non plus grande, mais plus chère de travail, et au lieu de s'élever, pl' et p' tombent.
Toute modification de la durée, de l'intensité et du prix du travail entraîne donc une modification correspondante de v , de pl et de leur rapport, ainsi qu'une modification du rapport ( p' ) de pl à c + v ; de même un changement dans le rapport de v à pl implique une modification d'au moins une des trois conditions du travail.
Ici se montrent clairement la relation organique qui lie le capital variable au mouvement et à la mise en valeur du capital total ainsi que la différence qui le sépare du capital constant. Celui-ci n'intervient que par sa grandeur dans la création de la valeur, ce qui revient à dire qu'il est sans importance qu'un capital constant de 1500 £ représente 1500 tonnes de fer à 1 £ ou 500 tonnes à 3 £. La quantité de matières qui correspond à sa grandeur est absolument indifférente pour la création de la valeur et pour le taux du profit ; celui-ci varie en raison inverse de cette grandeur, quelle que soit la variation de la valeur du capital constant par rapport à la quantité de valeurs d'usage qu'elle représente.
Il en est tout autrement du capital variable. Ce n'est pas sa valeur en tant que travail incorporé en lui qui est l'élément intéressant, mais bien sa valeur en tant qu'index du travail total qu'il met en mouvement et qui n'est pas exprimé en lui. En effet, dans ce travail total, la partie qui crée la plus-value est proportionnellement d'autant plus grande que la partie qui correspond au travail payé est plus petite. Supposons qu'une journée de 10 heures équivaille à 10 shillings. Si le travail nécessaire pour reconstituer le salaire, le capital variable, est de 5 heures = 5 shillings, le surtravail sera de 5 heures, et la plus-value, de 5 shillings ; tandis que si le travail nécessaire était de 4 heures = 4 shillings, le surtravail serait de 6 heures et la plus-value de 6 shillings.
Dès que la valeur du capital variable cesse d'être l'index de la quantité de travail qu'il met en mouvement, toute variation de la grandeur de cet index entraîne une modification proportionnelle, mais en sens inverse, du taux de la plus-value.
Appliquons maintenant aux divers cas qui peuvent se présenter dans la pratique, l'expression du taux du profit p’ = pl’ * ( v / C). A cet effet faisons varier successivement les différents facteurs de pl' et voyons ce qui en résulte pour le taux du profit. Agissant ainsi, nous envisagerons une série de cas que nous pourrons considérer, soit comme des applications d'un même capital, soit comme des applications de différents capitaux opérant simultanément dans différentes industries ou différents pays. Si certains de nos exemples paraîtront forcés ou pratiquement impossibles pour un seul et même capital, cette difficulté s'effacera lorsqu'on les considérera comme appliqués à plusieurs capitaux de nature différente.
Nous séparerons donc les deux facteurs pl' et v/C du produit pl’ * ( v / C) et, supposant d'abord que pl' reste constant, nous étudierons les résultats de toutes les variations possibles de v/ C ; nous admettrons ensuite que v /C reste constant et nous ferons passer pl' par toutes les variation possibles. Enfin nous ferons varier les deux facteurs simultanément et nous épuiserons de la sorte toute la série de cas qui nous permettra de définir les lois du taux du profit.
Ce cas présente plusieurs aspects et peut être exprimé par une formule générale. Soient deux capitaux C et C1, avec des parties variables v et v1 , différentes, le même taux pl' de plus-value et des taux de profit p' et p'1 . Nous aurons :
p’ = pl’ * ( v / C); p’1 = pl’ * ( v1 / C1) |
Si nous exprimons par E le rapport C1 / C et par e le rapport v1 / v (ce qui nous donne E = C1 / C et e = v1 / v ), nous pouvons écrire C1 = EC et v1 = ev . En substituant ces valeurs de C1 et de v dans l'expression de p' , nous obtenons :
p '1 = ( pl’ * e * v / E * C) |
Mais des deux expressions de p' et de p'1 , nous pouvons déduire une autre formule du taux du profit. S i nous mettons ces expressions sous forme de proportion, nous avons :
p’ / p’1 = ( pl’ * ( v / C)) / ( pl’ * ( v1 /C1)) = (v / C) / ( v1 / C1) |
Comme la valeur d'une fraction reste invariable lorsqu'on multiplie le numérateur et le dénominateur par un même nombre, nous pouvons transformer v /C et v1 /C1 en ramenant C et C1 à 100. Pour cela il suffit d'écrire v / C = v / 100 et v1 / C1 = v1 / 100, et alors le rapport de p' à p' , devient :
p’:p'1 = v : v1 , |
ou en d'autres termes :
Lorsque deux capitaux donnent un même taux de plus-value, leurs taux de profit sont entre eux comme leurs parties variables, calculées en supposant le capital total égal à 100.
Ces deux formules embrassent toutes les variations de v /C.
Avant de les passer en revue, remarquons que, puisque C = c + v (somme du capital constant et du capital variable) et que les taux de la plus-value et du profit sont ordinairement exprimés en %, il est plus commode d'exprimer également c et v en %, c'est-à-dire de supposer c + v = 100. En effet, quand il s'agit de déterminer non la grandeur absolue mais le taux du profit, il est indifférent que l'on spécifie que c'est un capital de 15000, composé d'un capital constant de 12000 et d'un capital variable de 3000, qui produit une plus-value de 3000 ou que l'on ramène le tout à une valeur du capital supposée égale à 100 :
15000 C = 12000 c + 3000 v (+ 3000 pl) |
100 C = 80 c + 20 v + (20 pl) |
Dans les deux cas le taux de la plus-value est de 100 % et celui du profit de 20 %.
Il en est de même lorsqu'il s'agit de comparer deux capitaux. Ainsi s'il faut comparer le capital ci-dessus au capital suivant :
12000 C = 10800 c + 1200 v + (1200 pl ) |
100 C = 90 c + 10 v (+ 10 pl ) |
pour lequel pl' = 100 % et p' = 10 %, la comparaison est même plus claire quand de part et d'autre on ramène à 100.
Il n'en est plus ainsi quand il faut noter les variations subies par un même capital ; la méthode des pourcentages a alors pour effet d'effacer ces variations dans le plus grand nombre des cas. C'est ainsi que lorsqu'un capital ramené à la valeur de 100 passe de la composition 80 c + 20 v +20 pl à la composition 90 c + 10 v + 10 pl , on ne voit pas si la modification est due, soit à la diminution absolue de v , soit à l'augmentation absolue de c , soit à toutes les deux à la fois. Ici il est donc indispensable de recourir aux chiffres absolus. C'est cette méthode que nous devons suivre dans l’analyse que nous allons entreprendre et dans laquelle il sera important de savoir si 80 c + 20 v , se sont transformés en 90 c + 10 v , soit parce que les 12000 c ont été portés à 27000 c , les 3000 v restant invariables, soit parce que les 3000 v ont été ramenés à 1333 ⅓ v , les 12000 c restant constants, ou encore parce que les deux facteurs ont varié simultanément, devenant par ex. 13500 c + 1500 v . C'est parce que nous aurons à passer successivement ces différents cas en revue que nous serons obligés de renoncer à la méthode si commode des pourcentages, ou du moins de ne nous en servir qu'accessoirement.
Lorsque v varie, C ne peut conserver sa grandeur que pour autant que l'autre élément qui le constitue, le capital constant c , varie parallèlement à v , mais en sens inverse. Par exemple, C étant égal à 80 c +- 20 v = 100, il ne peut conserver sa grandeur, lorsque v tombe à 10, que si c s'élève à 90, ce qui conduit à la composition : 90 c + 10 v = 100. D'une manière générale, nous pouvons donc dire que si v devient v ± d , c doit se transformer en c ± d , c'est-à-dire qu'il doit varier de la même somme que v , mais en sens inverse.
De même, lorsque le taux de la plus-value pl' reste invariable et que le capital variable v change, la grandeur absolue de la plus-value doit varier ; car dans l'expression pl = pl' * v , le facteur v a pris une nouvelle valeur.
La variation de v nous donne, à côté de
p’ = pl’ * (v / C) |
une nouvelle expression
p’1 = pl’1 * (v / C) |
dans laquelle v est devenu v1. La combinaison de ces deux expressions nous permet de déterminer le nouveau taux du profit :
p’ : p'1 = pl' * (v / C) : pl' * (v1 / C) = v : v1 |
Le taux de la plus-value et le capital total restant invariables, le taux originaire du profit est au taux nouveau dû à la variation du capital variable, comme le capital variable originaire est au capital variable modifié.
Suposons, par exemple, qu'un capital de
I. 15000 C = 12 000 c + 3 000 v (+ 3 000 pl ) |
se transforme en
II . 15000 C = 13 000 c + 2 000 v (+ 2 000 pl ) |
Dans les deux cas, nous avons un capital total de 15000 et un taux de plus-value pl' = 100 % ; mais le taux du profit de I (20 %) est au taux du profit de II (13 ⅓ %) comme le capital variable de I (3000) est au capital variable de II (2000) ; c'est-à-dire : 20 % : 13 ⅓ % = 3000 : 2000.
Le capital variable peut augmenter ou diminuer. Envisageons le premier cas et supposons un capital présentant la constitution et le fonctionnement suivants :
I . 100 c + 20 v + 10 pl ; C = 120, pl’ = 50 %; p’ = 8 ⅓ % |
Si le capital variable monte à 30, le capital constant doit tomber à 90, afin que le capital total reste égal à 120 ; quant à la plus-value, son taux restant de 50 %, elle doit monter à 15.
Nous aurons donc :
II. 90 c + 30 v + 15 pl ; C = 120, pl' = 50 %; p' =12 ½ % |
Supposons d'abord que le salaire reste invariable, les autres facteurs du taux de la plus-value, la journée et l'intensité du travail, resteront également constants. L'accroissement de v (passant de 20 à 30) ne peut donc résulter que d'une augmentation de moitié du nombre des ouvriers. La valeur produite augmentera également de moitié ; de 30 elle atteindra 45, et comme avant elle se répartira par ⅔ sur le salaire et ⅓ sur la plus-value. Mais en même temps et malgré I'augmentation du nombre des ouvriers, le capital constant, la valeur des moyens de production, aura rétrogradé de 100 à 90. Nous nous trouverons donc en présence d'une productivité décroissante du travail combinée avec une diminution du capital constant.
Ce cas est-il économiquement possible ?
Dans l'agriculture et les industries extractives, où la diminution de la productivité du travail et l'augmentation du nombre des ouvriers sont admissibles, ces variations, la production étant capitalisée, doivent être accompagnées, non d'une diminution, mais d'une augmentation du capital constant. Si même la diminution de c était déterminée uniquement par une baisse des prix, un capital isolé ne pourrait passer de 1 à 2 que dans des circonstances tout a fait exceptionnelles. Il n'en est pas de même quand on se trouve en présence de deux capitaux engagés, en des pays différents, dans des branches différentes de l'agriculture ou d'une industrie extractive. Dans ce cas, il n'y a rien d'étonnant à ce que d'un côté on emploie plus d'ouvriers que de l'autre, (par conséquent, plus de capital variable) tout en travaillant avec des moyens de production moins importants ou moins coûteux.
Supposons maintenant que l'accroissement de 20 à 30 du capital variable soit dû à une augmentation correspondante du salaire, le même nombre d'ouvriers, 20 par exemple, continuant à travailler avec les mêmes ou presque les mêmes moyens de production. Si la journée de travail restait la même, 10 heures par exemple, la valeur produite serait également la même et continuerait à s'élever à 30. Mais comme ces 30 seraient absorbés entièrement pour remplacer le capital variable, la plus-value aurait disparu. Or nous avons supposé que le taux de la plus-value se maintient à 50 %, comme dans I. Il n'est donc pas possible que la journée de travail reste invariable et il faut, pour obtenir la plus-value que nous avons prévue, que sa durée soit portée à 15 heures. Les 20 ouvriers produiront alors (en 15 heures) une valeur de 45 et nous aurons réalisé toutes les conditions prévues par nos formules :
II. 90 c + 30 v + 15 pl ; C = 120 , pl' = 50 %; p' =12 ½ % |
La quantité de moyens de travail outils, machines, etc., sera donc la même que dans le cas I, mais celle de matières premières et auxiliaires devra être augmentée de moitié. Une baisse des prix de ces matières rendra très possible, pour un capital isolé, le passage de la situation I à la situation II, dans les conditions que nous avons supposées, et la perte que subira le capitaliste par la dépréciation de son capital constant sera compensée, du moins dans une certaine mesure, par l'augmentation de son profit.
Supposons maintenant qu'au lieu d'augmenter, le capital variable diminue. Renversons donc notre exemple précédent et admettons que le capital, qui avait originairement la composition II, ait la composition I après sa transformation. Donc II. 90 c + 30 v + 15 pl se change en I. 100 c + 20 v + 10 pl . Il est évident que cette interversion ne modifie en rien les deux taux du profit, ni les conditions qui les déterminent.
Si v tombe de 30 à 20, parce qu'une diminution du nombre des ouvriers marche de pair avec une augmentation du capital constant, nous sommes en présence de la marche normale de l'industrie moderne : la productivité croissante du travail, c'est-à-dire la mise en œuvre de moyens de production de plus en plus puissants par des ouvriers de moins en moins nombreux. La troisième partie de ce volume montrera que ce résultat est accompagné nécessairement de la baisse du taux du profit.
Si au contraire v tombe de 30 à 20, parce que les ouvriers restés en nombre égal reçoivent moins de salaire, la valeur produite sera comme précédemment 30 v + 15 pl = 45, à condition que la journée de travail reste invariable. Mais dans ce cas, v n'étant plus que de 20, la plus-value devrait s'élever à 25 et atteindre le taux de 125 %, conséquence qui est en opposition avec nos prémisses. Pour que celles-ci soient maintenues, la plus-value devrait tomber de 50 % au taux de 10 % et la valeur produite reculer de 45 à 30, ce qui n'est possible que si la journée de travail est raccourcie de ⅓. Nous aurons donc :
100 c + 20 v + 10 pl ; pl ' = 50 % ; p ' = 8 ⅓ % |
Inutile de dire que cette diminution des heures de travail se réalisant concurremment avec une diminution du salaire ne se présente pas en pratique. Mais cela est sans importance ; le taux du profit est fonction de plusieurs variables, dont l'action ne peut être dégagée qui en examinant l'influence de chacune isolément, sans se préoccuper si les suppositions qu'on fait de la sorte sont ou ne sont pas économiquement possibles pour un même capital.
Le cas ne se différencie du précédent que par une question de degré. Au lieu d'augmenter ou de diminuer à mesure que v diminue ou augmente, C reste constant. Actuellement dans la grande industrie et l'agriculture le capital variable intervient pour une part relativement petite dans le capital total et ne peut donc faire varier celui-ci que dans des limites très étroites. Partons encore du capital :
I. 100 c + 20 v + 10 pl ; C = 120; pl’ = 50 %; p’ = 8 ⅓ % |
et supposons qu'il subisse la transformation suivante :
II. 100 c + 30 v + 15 pl ; C = 130; pl’ = 50 %; p’ = 11 7/13 % |
Si la transformation était inverse, si elle était caractérisée par une diminution du capital variable, nous n'aurions qu'à supposer que c'est II qui se transforme en I.
Dans le cas que nous examinons, les conditions économiques sont essentiellement les mêmes que dans le cas précédent; aussi jugeons-nous inutile de les détailler à nouveau. Le passage de I à II est caractérisé par une diminution de moitié de la productivité du travail : la mise en œuvre de 100 c exige 1 ½ fois plus de travail dans II que dans I. Ce cas peut se produire dans l'agriculture [1] .
Alors que dans le cas précédent, le capital total restait invariable parce que du capital constant se transformait en capital variable ou vice versa, ici tout accroissement ou toute diminution du capital variable entraîne un engagement ou un dégagement de capital.
Dans ce cas, l'expression
p’ = pl’ * ( v / C) se change en p’1 = pl' * ( v / C1)
et la combinaison des deux nous conduit à
p'1 : p' = C : C1 |
Les taux de la plus-value et les capitaux variables étant les mêmes, les taux du profit sont en raison inverse des capitaux totaux.
Par exemple, les formules suivantes correspondant à trois capitaux différents ou à des états différents d'un même capital :
donnent lieu aux proportions suivantes :
20 % : 16 ⅔ % = 120 : 100 et 20 % : 25 % = 80 : 100
La formule générale, p’1 = pl’ * (( e * v ) / (E * C)) trouvée plus haut, des variations de v /C lorsque pl' reste constant, devient maintenant
p’1 = pl’ * ( v / (E * C)) |
(car v ne changeant pas, le facteur e = v1 / v devient égal à 1).
Nous savons que pl’ * v = pl , l'ensemble de la plus-value. Or pl' et v restent constants ; les variations de C n'affectent donc pas pl ; elles n'ont aucune répercussion sur la somme totale de la plus-value.
Si c tombait à zéro, p' , le taux du profit, serait égal à pl' , le taux de la plus-value.
La variation de c peut résulter d'un changement, ou de la valeur des éléments du capital constant, ou de la composition technique du capital total, c'est-à-dire de la productivité du travail. Dans ce dernier cas, l'accroissement de la productivité du travail social, qui serait une conséquence du développement de la grande industrie et de l'agriculture, aurait pour effet, dans l'exemple que nous avons choisi, de déterminer la transition de III à I et de I à II. Une quantité de travail payée 20 et produisant 40 mettrait d'abord en œuvre 60 de moyens de travail ; la productivité augmentant et la valeur restant la même, les moyens de travail passeraient à 80 et ensuite à 100. L'inverse caractériserait la décroissance de la productivité ; une même quantité de travail mettrait en œuvre moins de moyens de production et l'exploitation deviendrait plus restreinte, ainsi que cela peut se présenter dans l'agriculture, les mines, etc.
Une économie de capital constant augmente le taux du profit et dégage du capital ; elle est donc importante pour le capitaliste. Nous nous en occuperons plus loin lorsque nous étudierons les conséquences des variations des prix des éléments (surtout les matières premières) du capital constant.
Le cas que nous venons d'analyser établit une fois de plus que l'action d'une variation du capital constant sur le taux du profit est indépendante de la cause de cette variation, que celle-ci résulte d'une augmentation ou d'une diminution des éléments matériels de c ou d'une simple modification de valeur de ceux-ci.
La formule générale de la variation du taux du profit,
p’1 = pl’ * (( e * v ) / (E * C)) |
trouve son application ici. Il en résulte que, le taux de la plus-value restant le même :
Lorsque v et C varient dans le même sens, nous pouvons admettre que jusqu'à une certaine limite ils subissent des variations proportionnelles (c'est-à-dire que v reste invariable), et que, passé cette limite, un des deux seulement varie ; ce qui nous permet de ramener ce cas compliqué à l'un des cas plus simples examinés précédemment.
Par exemple, si 80 c + 20 v + 20 pl se transforme successivement jusqu'à devenir 100 c + 30 v + 30 pl , le rapport de v à c et par conséquent celui de v à C restent invariables jusqu'à la transformation 100 c + 25 v + 25 pl ; jusque-là, le taux du profit n'est pas modifié. A partir de 100 c + 25 v + 25 pl , par exemple, lorsque v , en devenant égal à 30, augmente de 5 et que C passe de 125 à 130, nous retombons dans le second cas, c'est-à-dire la simple variation de v et la variation de C qui en résulte. Le taux du profit, qui était de 20 %, augmente par cette addition de 5 et le taux de la plus-value restant égal à 23 1/13 %.
La même réduction à un cas plus simple est possible, lorsque v et C varient en sens inverse. Si par ex. 80 c + 20 v + 20 pl varie jusqu'à se transformer en 110 c + 10 v + 10 pl , il donne lorsqu'il devient 40 c + 10 v + 10 pl , le même taux du profit (20 %) qu'au début. Une addition de 70, fera ensuite tomber ce taux à 8 ⅓ %. En envisageant les choses de la sorte nous avons ramené le cas à celui où un seul facteur ( c ) varie.
Les variations simultanées de v , c et C ne constituent donc pas un problème nouveau, et aboutissent en dernière instance au cas où un seul facteur varie. Il en est même ainsi de la dernière hypothèse qui est à examiner, celle où v et C, restant numériquement invariables, subissent une modification quant à la valeur de leurs éléments constitutifs, v exprimant un autre quantum de travail et c un autre quantum de moyens de production.
Dans 80 c + 20 v + 20 pl , 20 v , représente le salaire de 20 ouvriers, fournissant 10 heures de travail par jour. Supposons que ce salaire augmente dans la proportion de 1 à 4 ce qui revient à dire que 20, ne pourra plus servir qu'à payer 16 ouvriers. Si 20 ouvriers produisaient, pendant 200 heures de travail, une valeur de 40, pendant 160 heures, 16 ouvriers ne produiront, en supposant qu'ils travaillent 10 heures par jour, qu'une valeur de 32. Si de cette valeur nous déduisons les 20, dépensés en salaires, il ne restera que 12 de plus-value et le taux de celle-ci sera tombé de 100 % à 60 %. Mais nous avons admis que le taux de la plus value reste invariable ; il faut donc que la journée de travail soit prolongée d'un quart et portée de 10 à 12 heures ½ . Les 16 ouvriers travailleront alors pendant 200 heures par jour c'est-à-dire autant que les 20 ouvriers faisant des journées de 10 heures, et comme ceux-ci ils produiront 40 ; le capital de 80 c + 20 v donnera dans les deux cas une plus-value de 20.
Inversement : si le salaire tombe de façon que 20 v paie 30 ouvriers, pl' ne restera constant que si la journée de travail se raccourcit de 10 à 6 ⅔ heures (20 * 10 = 30 * 6 ⅔ = 200 heures de travail).
Nous avons déjà examiné jusqu'à quel point c , restant constant comme valeur en argent, peut varier par les quantités de moyens de production qu'il représente. Ce cas ne se présentera que très exceptionnellement sous sa forme pure. Quant aux variations des valeurs des éléments de c qui, la valeur de celui-ci restant constante, ont pour effet de modifier les rapports de ses parties constituantes, elles n'affectent ni le taux du profit, ni celui de la plus-value aussi longtemps qu'elles ne modifient pas la grandeur de v .
Nous avons ainsi passe en revue toutes les variations de v , de c et de C qui peuvent se présenter, et nous avons vu qu’alors que la plus-value reste constante, le taux du profit est susceptible de toutes les variations, parce qu'il est affecté par la moindre modification du rapport de v à c et par conséquent de v à C. Nous avons vu en outre que la variation de v ne peut pas franchir une certaine limite au delà de laquelle la constance de pl' est économiquement impossible. Et comme la variation de c est soumise également à une limite au delà de laquelle v ne peut plus rester constant, il est clair qu'il existe pour les variations de v / C des limites à partir desquelles pl' doit également varier. Cette action réciproque des différentes variables de notre expression apparaîtra plus clairement encore dans l'étude des variations de pl' à laquelle nous allons passer maintenant.
Pour avoir une formule générale du taux du profit, quel que soit le taux de la plus-value, v étant constant ou variable, il suffit de mettre l'expression
p’ = pl’ * ( v / C) |
sous la forme
p’1 = pl’1 * ( v1 / C1) |
dans laquelle p’1 , pl'1 , v1 , et C1 sont les valeurs modifiées de p' , pl' , v et C. Le rapprochement de ces deux expressions donne :
p’ : p’1 = pl’ * ( v / C) : pl’1 * ( v1 / C1) |
D'où
p’1 = ( pl’1/pl’ ) * ( v1 / v ) * (C/ C1) : p’ |
v /C étant constant, les expressions de p' et de p'1 , deviennent
p’ = pl’ * ( v / C); p’1 = pl’1 * ( v / C) |
D'où
p’ : p’1 = pl’ : pl’1 |
Les taux de profit de deux capitaux ayant la même composition sont entre eux comme les taux de plus-value. Les grandeurs absolues ne jouant aucun rôle dans la fraction v /C, qui est envisagée uniquement comme un rapport, la règle que nous venons d'énoncer est vraie pour tous les capitaux ayant la même composition, quelle que soit leur grandeur absolue.
80 c + 20 v + 20 pl ; C = 100, pl' = 100 %; p’ = 20 % |
160 c + 40 v + 20 pl ; C = 200, pl' = 50 %; p’ = 10 % |
100% : 50% = 20% : 10% |
Lorsque les grandeurs absolues de v et de C sont les mêmes dans les deux cas, les taux des profits sont entre eux comme les sommes de plus-value :
p’ : p’1 = pl’ * v : pl’1 * v = pl : pl1 |
Par exemple :
80 c + 20 v + 20 pl; pl' = 100 %, p’ = 20 % |
80 c + 20 v + 10 pl; pl' = 50 %, p’ = 10 % |
20% : 10% = 100 * 20 : 50 * 20 = 20 pl : 10 pl |
Il est clair que pour des capitaux de même composition (soit d'une manière absolue, soit seulement au point de vue des rapports des parties intégrantes) le taux de la plus-value ne peut être différent que pour autant qu'il y ait une différence, soit dans le taux du salaire, soit dans la durée de travail, soit dans l'intensité du travail. Considérons les trois cas :
I. 80 c + 20 v + 10 pl; pl' = 50 %; p’ = 10 % |
II. 80 c + 20 v + 20 pl; pl' = 100 %; p’ = 20 % |
III. 80 c + 20 v + 40 pl; pl' = 200 %; p’ = 40 % |
La valeur produite est 20 v + 10 pl = 30 dans I ; elle est de 40 dans II et de 60 dans III. Ces différences peuvent résulter de trois espèces de causes.
Primo. - Les salaires peuvent être différents : 20 v ne correspond pas, dans chaque cas, à un même nombre d'ouvriers. Supposons, par ex., que dans I, 15 ouvriers, travaillant pendant 10 heures pour un salaire de 1 ⅓ £ produisent une valeur de 30 £, dont 20 remplaçant le salaire et 10 constituant la plus-value. Si le salaire tombe à 1 £, on peut occuper 20 ouvriers pendant 10 heures et produire une valeur de 40 £, dont 20 pour payer le salaire et 20 pour former la plus-value. Si le salaire baisse jusqu'à ⅔ £, 30 ouvriers pourront être occupés pendant 10 heures et ils produiront une valeur de 60 £, dont 20 pour le salaire et 40 pour la plus-value.
Ce cas (constance de la composition du capital, constance de la durée et de l'intensité du travail, variation du taux de la plus-value par suite de la variation du salaire) est le seul auquel s'applique la règle de Ricardo : « Profits would be high or low, exactly in proportion as wages would be low or high » [2] (Principles, ch. I, sect. III p. 18 des Works of D. Ricardo, ed. Mac Culloch, 1852).
Secundo. - L'intensité du travail peut varier. En travaillant 10 heures par jour, 20 ouvriers produisent, avec les mêmes moyens de travail, dans I, 30, dans II, 40, dans III, 60 pièces d'une marchandise déterminée, chaque pièce ayant une valeur supérieure de 1 £ à celle des moyens de production qu'elle a absorbés, 20 pièces = 20 £ étant nécessaires dans chaque cas pour payer le salaire, il reste comme plus-value, dans I, 10 pièces = 10 £, dans II, 20 pièces = 20 £, dans III, 40 pièces = 40 £.
Tertio. - La journée de travail peut être différente. Si 20 ouvriers travaillent, avec la même intensité, dans I, 9 heures par jour, dans II,12 heures, dans III, 18 heures, les produits qu'ils fourniront seront dans le rapport 30 : 40 : 60 ou 9 : 12 : 18. Leur salaire étant de 20 dans chaque cas, il restera comme plus-value, 10, 20 et 40.
Par conséquent le taux de la plus-value et, v /C restant constant, le taux du profit varient en raison inverse des variations du salaire et en raison directe des variations de l'intensité et de la durée de la journée de travail.
A ce cas s'applique la proportion :
p’ : p’1 = pl’ * ( v / C) : pl’ 1 * ( v1 / C) = pl’ * v : pl1’ * v1 = pl : pl1 |
Les taux de profit sont entre eux comme les quantités de plus-value.
Nous avons vu qu'à une variation du taux de la plus-value, le capital variable restant constant, correspond une variation de la grandeur et de la répartition de la valeur produite. De même les variations simultanées de v et de pl' impliquent toujours une autre répartition de la valeur produite, mais elles n'ont pas toujours comme conséquence un changement de grandeur de celle-ci. Trois cas sont possibles.
a) v et pl' varient en sens inverse, mais de quantités égales.
Par ex.
80 c + 20 v + 10 pl; pl' = 50 %; p’ = 10 %pl1 |
90 c + 10 v + 20 pl ; pl' = 200 %; p’ = 20 % |
Les valeurs produites et les quantités de travail fournies sont les mêmes dans les deux cas :
20 v + 10 pl = 10 v + 20 pl = 30. |
Mais dans le premier cas, on paie 20 pour le salaire et il reste 10 de plus-value, tandis que dans le second, le salaire est de 10 et la plus-value de 20. C'est le seul cas où les variations simultanées de v et de pl' n'affectent pas le nombre des ouvriers, l'intensité et la durée de la journée de travail.
b) v et pl' varient en sens inverse, mais de quantités différentes.
La variation de l'un ou de l'autre prédomine.
Dans I, un produit de 40 est payé par 20 v , dans II, un produit de 48 par 28 v , et dans III, un produit de 36 par 16 v . La valeur produite et le salaire ont changé. Or une variation de la valeur produite correspond à une variation de la quantité de travail fournie, due soit à une variation du nombre des ouvriers, soit à une variation de la durée ou de l'intensité du travail, soit à plusieurs de ces causes agissant simultanément.
c) pl' et v varient dans le même sens.
Dans ce cas l'action de l'un s'ajoute à celle de l'autre.
La valeur produite est de 20 dans I, de 50 dans II, de 14 dans III. Les différences des quantités de travail fournies sont en rapport avec des différences soit du nombre d'ouvriers, soit de la durée ou de l'intensité du travail, soit de plusieurs de ces facteurs.
Ce cas ne donne lieu à aucune considération nouvelle et rentre dans la formule générale, donnée sous II, pl' variable.
Par conséquent, les cas suivants se présentent dans l'étude de l'action de la variation du taux de la plus-value sur le taux du profit :
1) p' augmente ou diminue dans la même mesure que pl’ , v /C restant constant.
80 c + 20 v + 20 pl; pl’ = 100%; p' = 20 % |
80 c + 20 v + 10 pl; pl’ = 50%; p' = 10 % |
100% : 50% = 20% : 10% |
2') p' augmente ou diminue plus rapidement que pl', v/C variant dans le même sens que pl'.
80 c + 20 v + 10 pl; pl’ = 50%; p' = 10 % |
70 c + 30 v + 20 pl; pl’ = 66 ⅔ %; p' = 20 % |
50% : 66 ⅔% < 10% : 20 % |
3) p' augmente ou diminue moins rapidement que pl', v/C variant en sens inverse et moins rapidement que pl'.
80 c + 20 v + 10 pl; pl’ = 50%; p' = 10 % |
90 c + 10 v + 15 pl; pl’ = 150 %; p' = 15 % |
50% : 150 % > 10% : 15 % |
4) p' varie en sens inverse de pl', v/C variant en sens inverse et plus rapidement que pl'.
80 c + 20 v + 10 pl; pl’ = 100%; p' = 20 % |
90 c + 10 v + 15 pl; pl’ = 150 %; p' = 15 % |
pl' s'élève de 100 à 150 % pendant que p' tombe de 20 à 15 %.
5) Enfin p' reste constant alors que pl' augmente ou diminue, v /C variant en sens inverse, mais dans la même mesure pl’.
Ce dernier cas demande quelques explications. Alors que l'étude des variations de v nous avait montré qu'un même taux de la plus-value peut s'exprimer dans les taux de profit les plus variés, nous voyons ici que le même taux du profit peut correspondre à des taux de plus-value absolument différents. Mais alors que, dans l'hypothèse de pl' constant, n'importe quel changement du rapport de v à C suffisait pour modifier le taux du profit, il faut, dans l'hypothèse de pl' variable, que v /C subisse une variation inverse et correspondante pour que le taux du profit reste constant. Or cela ne se présente que très exceptionnellement, soit pour un même capital, soit pour deux capitaux engagés dans le même pays. Soit p. ex. un capital de
80 c + 20 v + 20 pl; C =100; pl’ = 100%; p' = 20 % |
Supposons que le salaire fléchisse dans des conditions telles que le même nombre d'ouvriers puisse être payé par 16 v au lieu de 20 v . Toutes autres circonstances égales, 4 v seront dégagés et nous aurons :
80 c + 16 v + 24 pl ; C=96; pl’ = 150%; p' = 25 % |
Pour que p' soit de 20 %, comme auparavant, le capital total devra s'élever à 120 et le capital constant à 104 :
104 c + 16 v + 24 pl ; C=120; pl’ = 150%; p' = 20 % |
Or cela n'est possible que si la baisse du salaire est accompagnée d'une variation de la productivité du travail correspondant à la nouvelle composition du capital, ou si la valeur argent du capital constant monte de 80 à 104 ; toutes conditions qui ne se présentent simultanément que par hasard et par exception. En effet, une variation de pl' indépendante d'une variation de v et par conséquent de v /C n'est possible que dans des circonstances tout à fait spéciales, notamment dans les industries qui ne font appel qu'à du capital fixe et du travail, et utilisent des matières premières fournies directement par la nature.
Il n'en est pas de même quand on compare des pays différents; dans ce cas, le même taux du profit exprime le plus souvent des taux différents de plus-value.
Il résulte des cinq cas que nous avons passés en revue que la hausse, la baisse on l'invariabilité du taux du profit peuvent correspondre soit à une augmentation, soit à une diminution du taux de la plus-value ; elles peuvent correspondre également, ainsi que nous l'avons vu précédemment, à l’invariabilité de ces derniers.
Le taux du profit est donc déterminé par deux facteurs principaux, le taux de la plus-value et la composition du capital, dont les effets peuvent se résumer comme suit (nous exprimons simplement les rapports, étant donné qu'il est sans importance que la variation procède de telle ou telle partie du capital) :
Les taux du profit de deux capitaux ou d'un même capital dans deux états successifs, sont égaux :
Les taux du profit sont inégaux :
Lorsque les taux de la plus-value et la composition centésimale des capitaux sont différents. Dans ce cas, les taux du profit sont entre eux comme les produits pl' * v , c'est-à-dire comme les quantités de plus-value, rapportées au capital total [3] .
Notes
[1]
Le manuscrit contient ici la note : « A rechercher plus tard comment ce cas influence la rente foncière ».
[2]
« Les profits seront hauts ou bas exactement en raison de ce que les salaires sont bas ou hauts ».
[3]
Le manuscrit contient d'autres calculs très détaillés relatifs à des particularités très intéressantes des taux de la plus-value
et du profit (pl’ et p'), dont les mouvements, notamment dans les cas où ces deux taux se rapprochent ou s'éloignent l'un de l'autre, peuvent être
représentés par des diagrammes. Je renonce à la reproduction de ces calculs, parce qu'ils sont peu importants pour le but
immédiat de ce volume et qu'il suffit de les signaler à l'attention des lecteurs qui auraient l'intention d'approfondir cette
étude. F. E.
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