1843-50 |
"On remarquera que, dans tous ces �crits, et notamment dans ce dernier, je ne me qualifie jamais de social-d�mocrate, mais de communiste... Pour Marx, comme pour moi, il est donc absolument impossible d'employer une expression aussi �lastique pour d�signer notre conception propre.." F. Engels, 1894. Une publication effectuée en collaboration avec la biblioth�que de sciences sociales de l'Universit� de Qu�bec. |
Le parti de classe
Pr�paration de la r�volution (1847-1848)
Monsieur le r�dacteur,
En ce moment, le gouvernement belge se range tout � fait du c�t� de la politique de la Sainte-Alliance [1]. Sa fureur r�actionnaire tombe sur les d�mocrates allemands avec une brutalit� inou�e [2]. Si nous n'avions pas le cœur trop navr� des pers�cutions dont nous avons �t� sp�cialement l'objet, nous ririons franchement du ridicule que se donne le minist�re Rogier, en accusant quelques Allemands de vouloir imposer la r�publique aux Belges, malgr� les Belges ; mais c'est que, dans le cas sp�cial auquel nous faisons allusion, l'odieux l'emporte sur le ridicule.
D'abord, Monsieur, il est bon de savoir que presque tous les journaux de Bruxelles sont r�dig�s par des Fran�ais, qui se sont, pour la plupart, sauv�s de France pour �chapper aux peines infamantes dont ils �taient menac�s dans leur patrie : ces Fran�ais ont donc le plus grand int�r�t � d�fendre dans ce moment l'ind�pendance belge, qu'ils avaient tous trahie en 1833. Le roi, le minist�re et leurs partisans se sont servis de ces feuilles pour accr�diter l'opinion qu'une r�volution belge dans le sens r�publicain ne serait qu'une contrefa�on d'une france-quillonnerie, et que toute l'agitation d�mocratique qui se fait dans ce moment sentir en Belgique avait �t� provoqu�e uniquement par des Allemands surexcit�s.
Les Allemands ne nient nullement qu'ils se sont franchement associ�s aux d�mocrates belges, et ils l'ont fait sans exaltation aucune. Aux yeux du procureur du roi, c'�tait exciter les ouvriers contre les bourgeois, c'�tait rendre suspect aux Belges un roi allemand qu'ils aiment tant, c'�tait ouvrir les portes de la Belgique � une invasion fran�aise. Apr�s avoir re�u, le 3 mars, � cinq heures du soir, l'ordre de quitter le royaume belge dans le d�lai de vingt-quatre heures, j'�tais occup� encore, dans la nuit du m�me jour, de faire mes pr�paratifs de voyage, lorsqu'un commissaire de police, accompagn� de dix gardes municipaux, p�n�tra dans mon domicile, fouilla toute la maison, et finit par m'arr�ter, sous pr�texte que je n'avais pas de papiers [3].
Notes
[1] Cf.
La R�forme, 8 mars 1848.
L'article de Marx est r�dig� en fran�ais. Engels, de son
c�t�, publia un article sur le m�me th�me dans le journal
chartiste The Northern Star, le 25
mars 1848, o� il d�crit longuement les circonstances de
l'expulsion de Karl et Jenny Marx, ainsi que les buts
politiques de l'Association d�mocratique au cours de la
crise de f�vrier 1848.
[2]
La police prolonge, � sa mani�re, la
pol�mique engag�e par le D�bat social — journal
pr�tendument oppos� au gouvernement royal belge — qui
s’�tait efforc� de s�parer les communistes allemands de
l’Association d�mocratique de Bruxelles qu’ils
animaient, voire de les opposer aux �l�ments belges.
Le r�le du parti est pr�cis�ment de d�masquer aux yeux de la
masse ceux qui pr�parent, sur le papier et dans les esprits,
les actions anticommunistes, en indiquant � l’avance sur
quelles positions l’ennemi va attaquer.
[3] Marx poursuit en d�clarant que ses papiers �taient tout � fait en r�gle, etc. Nous ne reproduisons pas la narration de faits qui se sont r�p�t�s des milliers de fois dans tous les pays du monde. Observons simplement que, dans sa h�te d'intervenir pour r�primer, la police agit neuf fois sur dix en se fondant sur des motifs purement invent�s, donc arbitraires et faux, se mettant elle-m�me dans l'ill�galit� — ce qui, �videmment ne signifie pas grand-chose aux yeux de l'appareil l�gal du pays, mais peut �tre exploit� pour d�noncer l'hypocrisie et la mauvaise foi de la � justice � et, mieux encore, de tout l'appareil l�gal et constitutionnel, qu'il soit d�mocratique ou non.
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |