1922-23

Les derniers avis de L�nine � la direction bolch�vique. Un texte gard� secret durant des d�cennies.


Ultimes recommandations au Comit� central du Parti communiste russe

L�nine

Testament politique


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25 d�cembre 1922

Par stabilit� du Comit� central j’entends les mesures propres � pr�venir une scission, pour autant que de telles mesures puissent ˆtre prises. Car le garde-blanc de Russka�a Mysl (je pense que c’�tait S. E. Oldenbourg) avait �videmment raison quand, dans sa pi�ce contre la Russie sovi�tique, il misait en premier lieu sur l’espoir d’une scission de notre Parti, et quand, ensuite, il misait, pour cette scission, sur de graves d�saccords au sein de notre parti.

Notre Parti repose sur deux classes, et, pour cette raison, son instabilit� est possible, et s’il ne peut y avoir un accord entre ces classes sa chute est in�vitable. En pareil cas il serait inutile de prendre quelque mesure que ce soit, ou, en g�n�ral, de discuter la question de la stabilit� de notre Comit� central. En pareil cas nulle mesure ne se r�v�lerait capable de pr�venir une scission. Mais je suis persuad� que c’est l� un avenir trop �loign� et un �v�nement trop improbable pour qu’il faille en parler.

J’envisage la stabilit� comme une garantie contre une scission dans le proche avenir, et mon intention est d’examiner ici une s�rie de consid�rations d’un caract�re purement personnel.

J’estime que le facteur essentiel dans la question de la stabilit� ainsi envisag�e, ce sont des membres du Comit� central tels que Staline et Trotsky. Leurs rapports mutuels constituent, selon moi, une grande moiti� du danger de cette scission qui pourrait ˆtre �vit�e, et cette scission serait plus facilement �vitable, � mon avis, si le nombre des membres du Comit� central �tait �lev� � cinquante ou cent.

Le camarade Staline en devenant secr�taire g�n�ral a concentr� un pouvoir immense entre ses mains et je ne suis pas s�r qu’il sache toujours en user avec suffisamment de prudence. D’autre part, le camarade Trotsky, ainsi que l’a d�montr� sa lutte contre le Comit� central dans la question du commissariat des Voies et Communications, se distingue non seulement par ses capacit�s exceptionnelles - personnellement il est incontestablement l’homme le plus capable du Comit� central actuel - mais aussi par une trop grande confiance en soi et par une disposition � ˆtre trop enclin � ne consid�rer que le c�t� purement administratif des choses.

Ces caract�ristiques des deux chefs les plus marquants du Comit� central actuel pourraient, tout � fait involontairement, conduire � une scission ; si notre Parti ne prend pas de mesures pour l’empˆcher, une scission pourrait survenir inopin�ment.

Je ne veux pas caract�riser les autres membres du Comit� central par leurs qualit�s personnelles. Je veux seulement vous rappeler que l’attitude de Zinoviev et de Kam�nev en Octobre n’a �videmment pas �t� fortuite, mais elle ne doit pas plus �tre invoqu�e contre eux, personnellement, que le non-bolch�visme de Trotsky.

Des membres plus jeunes du Comit� central, je dirai quelques mots de Boukharine et de Piatakov. Ils sont, � mon avis, les plus capables et � leur sujet il est n�cessaire d’avoir pr�sent � l’esprit ceci : Boukharine n’est   pas seulement le plus pr�cieux et le plus fort th�oricien du Parti, mais il peut l�gitimement ˆtre consid�r� comme le camarade le plus aim� de tout le Parti ; mais ses conceptions th�oriques ne peuvent ˆtre consid�r�es comme vraiment marxistes qu’avec le plus grand doute, car il y a en lui quelque chose de scolastique (il n’a jamais appris et, je pense, n’a jamais compris pleinement la dialectique).

Et maintenant Piatakov - un homme qui, incontestablement, se distingue par la volont� et d’exceptionnelles capacit�s, mais trop attach� au c�t� administratif des choses pour qu’on puisse s’en remettre � lui dans une question politique importante. Il va de soi que ces deux remarques ne sont faites par moi qu’en consid�ration du moment pr�sent et en supposant que ces travailleurs capables et loyaux ne puissent par la suite compl�ter leurs connaissances et corriger leur �troitesse.

4 janvier 1923

Post-scriptum. Staline est trop brutal, et ce d�faut, pleinement supportable dans les relations entre nous, communistes, devient intol�rable dans la fonction de secr�taire g�n�ral. C’est pourquoi je propose aux camarades de r�fl�chir au moyen de d�placer Staline de ce poste et de nommer � sa place un homme qui, sous tous les rapports, se distingue de Staline par une sup�riorit� - c’est-�-dire qu’il soit plus patient, plus loyal, plus poli et plus attentionn� envers les camarades, moins capricieux, etc. Cette circonstance peut para�tre une bagatelle insignifiante, mais je pense que pour pr�venir une scission, et du point de vue des rapports entre Staline et Trotsky que j’ai examin�s plus haut, ce n’est pas une bagatelle, � moins que ce ne soit une bagatelle pouvant acqu�rir une signification d�cisive.


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