1904 |
1904 : L�nine tire un bilan complet du deuxi�me congr�s de la social-d�mocratie russe, de la scission entre bolch�viks et mench�viks... |
Un pas en avant, deux pas en arri�re
Pr�face
Lorsqu'une lutte prolong�e, opini�tre et ardente se poursuit, il arrive d'ordinaire un moment o� les points litigieux, centraux et essentiels, commencent � appara�tre, dont la solution d�terminera l'issue d�finitive de la campagne, et aupr�s desquels les menus et insignifiants �pisodes de la lutte sont de plus en plus recul�s � l'arri�re‑plan.
Il en est ainsi du combat qui se livre au sein de notre Parti, et qui, depuis six mois d�j�, fixe l'attention de tous ses membres C'est pr�cis�ment parce qu'il m'a fallu, dans l��tude que je pr�sente au lecteur sur l'ensemble de la lutte, toucher � quantit� de d�tails d'un int�r�t minime et � de nombreuses querelles mesquines n'offrant au fond aucun int�r�t que je voudrais d�s le d�but attirer l'attention du lecteur sur deux questions vraiment centrales, essentielles, d�un int�r�t �minent et d'une port�e historique incontestables, questions politiques les plus urgentes qui figurent � l�ordre du jour de notre Parti.
La premi�re concerne la signification politique de la division de notre Parti en � majorit� � et � minorit� �, division qui se fit au deuxi�me congr�s du Parti et qui rel�gua bien loin en arri�re toutes les divisions ant�rieures des social-d�mocrates russes.
La deuxi�me question concerne la signification de principe de la position de la nouvelle Iskra en mati�re d'organisation, pour autant qu'il s'agisse vraiment d'une position de principe.
La premi�re question est celle du point de d�part de la lutte dans notre Parti, de son origine, de ses causes, de son caract�re politique fondamental. La deuxi�me est celle du r�sultat final de cette bataille, de son issue, du bilan quel'on obtient en additionnant tout ce qui a trait aux principes et en soustrayant tout ce qui a trait aux mesquines querelles. La premi�re question se r�sout par une analyse de la lutte au congr�s du Parti; la deuxi�me par l'analyse du nouveau contenu doctrinal de la nouvelle Iskra. L'une et l'autre de ces analyses, qui constituent les neuf dixi�mes de ma brochure, m�nent � cette conclusion que la � majorit� � est l'aile r�volutionnaire de notre Parti, et la � minorit� � en est l'aile opportuniste; les divergences qui s�parent actuellement ces deux ailes concernent surtout les probl�mes d'organisation, et non les questions de programme ou de tactique; le nouveau syst�me d'id�es qui, dans la nouvelle Iskra, appara�t d'autant plus clairement qu'elle s'efforce d'accentuer sa position et que celle-ci s'�pure de toutes ces vaines querelles sur la cooptation, c'est l'opportunisme en mati�re d'organisation.
Le principal d�faut des publications dont nous disposons sur la crise dans notre Parti est, en ce qui concerne l'�tude et l'interpr�tation des faits, l'absence � peu pr�s totale d'une analyse des proc�s-verbaux du congr�s, et en ce quitouche la mise en lumi�re des principes fondamentaux du probl�me d'organisation, c'est le manque d'analyse du lien qui existe ind�niablement entre l'erreur essentielle des camarades Martov et Axelrod portant sur la formulation du paragraphe premier des statuts du Parti et sa d�fense d'une part et, d'autre part, tout le � syst�me � (pour autant qu'il puisse �tre question, ici, d'un syst�me) des principes actuels de l'Iskra en fait d'organisation. Visiblement, la nouvelle r�daction de l'Iskra ne remarque m�me pas ce lien quoique l'importance de la discussion sur le paragraphe premier ait �t� signal�e maintes fois dans les publications de la � majorit� �. Aujourd'hui, les camarades Axelrod et Martov ne font en r�alit� qu'aggraver, amplifier et �tendre leur erreur initiale sur le paragraphe premier. En r�alit�, toute la position des opportunistes en mati�re d'organisation s'est r�v�l�e d�j� dans la discussion sur le paragraphe premier : leur soutien d'une organisation du parti d�liquescente et manquant de coh�sion, leur hostilit� envers l'id�e (l'id�e � bureaucratique�) de l'�dification du parti de haut en bas, en partant du congr�s du parti et des organes cr��s par lui, leur tendance � proc�der de bas en haut � tout professeur, � tout coll�gien et � � tout gr�viste � de se d�clarer membre du parti, leur hostilit� � l'�gard du � formalisme � qui exige d'un membre du Parti qu'il appartienne � une organisation reconnue par le Parti, leur inclination pour la mentalit� d'intellectuel bourgeois pr�t � � ne reconna�tre que platoniquement les rapports d'organisation �, leur penchant pour cette subtilit� d'esprit opportuniste et les phrases anarchistes, leur tendance � l'autonomie contre le centralisme; en un mot, tout ce qui fleurit aujourd'hui avec tant de luxuriance dans nouvelle Iskra en contribuant de plus en plus � �lucider � fond et d'une mani�re �vidente l'erreur initiale.
Quant aux proc�s-verbaux du congr�s du Parti, la n�gligence vraiment imm�rit�e dont ils sont l'objet ne peut provenir que de ce que nos discussions sont envenim�es par de vaines querelles, et peut-�tre encore de ce que ces proc�s-verbaux contiennent trop de dures v�rit�s. Les proc�s-verbaux du congr�s offrent l'image de la situation v�ritable dans notre Parti, image unique en son genre, incomparable par son exactitude, sa pl�nitude, sa diversit�, sa richesse et son authenticit�, ‑ une image des conceptions, de l'�tat d�esprit et des plans, trac�e par les participants m�mes du mouvement, une image refl�tant les nuances politiques dans le Parti et montrant leur force relative, leurs corr�lations et leur lutte. Les proc�s-verbaux du congr�s du Parti, et eux seuls, nous montrent dans quelle mesure nous avons v�ritablement r�ussi � balayer tout ce qui restait des vieux liens, l�gu�s par l'esprit de cercle, et � leur substituer un seul grand lien, celui du Parti. Tout membre du Parti, d�sireux de participer consciemment � ses activit�s, est tenu d'�tudier avec soin notre congr�s du Parti. Je dis bien �tudier, car la simple lecture du monceau de mat�riaux bruts, que renferment les proc�s-verbaux, est insuffisante pour donner une image du congr�s. Ce n'est que par une �tude minutieuse et personnelle que l'on peut (et que l'on doit) arriver � fondre en un tout les r�sum�s succincts des discours, les extraits secs des d�bats, les petites controverses sur des questions secondaires (secondaires en apparence), reconstituer le visage vivant de chaque orateur marquant, � r�v�ler avec pr�cision la physionomie politique de chacun des group�s de d�l�gu�s au congr�s du Parti. L'auteur de ces lignes estimera que son travail n'aura pas �t� vain s'il r�ussit � donner au moins une impulsion � l'�tude, vaste et personnelle, des proc�s-verbaux du congr�s du Parti.
Encore un mot sur les adversaires de la social‑d�mocratie. Ils exultent et grimacent � la vue de nos discussions : �videmment, ils s'efforceront, pour les faire servir � leurs fins, de brandir tels passages de ma brochure consacr�e aux d�fauts et aux lacunes de notre Parti. Les social‑d�mocrates russes sont d�j� suffisamment rompus aux batailles pour ne pas se laisser troubler par ces coups d'�pingle, pour poursuivre, en d�pit de tout, leur travail d'autocritique et continuer � d�voiler sans m�nagement leurs propres lacunes qui seront combl�es n�cessairement et sans faute par la croissance du mouvement ouvrier. Que messieurs nos adversaires essaient donc de nous offrir, de la situation v�ritable de leurs propres � partis �, une image qui ressemblerait m�me de loin � celle que pr�sentent les proc�s-verbaux de notre deuxi�me congr�s !
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |