"(...) le prolétariat mondial, le prolétariat de chaque pays, abordent une étape décisive de leur histoire : il leur faut reconstruire entièrement leur propre mouvement. La crise du stalinisme (...) s'ampliie au moment où le mode de production capitaliste pourrissant s'avance vers des convulsions mortelles, qui riquent d'entrainer l'humanité toute entière dans la barbarie. (...) De cette crise des appareils naissent les possibilités de reconstruire la IV° Internationale." |
Défense du trotskysme (2)
L'Impérialisme, la bureaucratie du Kremlin, les États-Unis Socialistes d'Europe
Mais voila que la classe ouvrière française s'engage dans la grève générale de Mai‑juin 68, que le prolétariat tchécoslovaque s'ouvre la voie de la révolution politique. L'Europe et le monde sont ébranlés. De nouvelles perspectives révolutionnaires se révèlent, incontestables. Les théoriciens pablistes en ont vu d'autres. En 1951, ils prévoyaient dans les deux ans à venir la guerre mondiale, qu'ils baptisaient “ guerre‑révolution, révolution-guerre ”. Elle n'est pas venue... Ils ont attribué ce “ miracle ” aux effets merveilleux de la troisième révolution industrielle. A la même époque ils prévoyaient que la bureaucratie du Kremlin, “ contrainte et forcée ”, accomplirait à l'aide des P.C. la révolution prolétarienne, exproprierait la bourgeoisie à l'échelle de l'Europe et du monde. Au contraire, la bureaucratie du Kremlin a accentué sa collaboration avec l'impérialisme. Qu'à cela ne tienne ; ils en ont conclu que la bureaucratie du Kremlin se libéralisait et se démocratisait. D'ailleurs “ l'épicentre ” de la révolution ne pouvait plus être les pays capitalistes avancés, en raison du néo‑capitalisme, du “ développement des forces productives ”, de l'adaptation aux intérêts bourgeois, impérialistes, de la classe ouvrière de ces pays. Habitués aux jongleries les renégats de la IVe Internationale viennent de faire une nouvelle découverte : “ la défaite de la vague révolutionnaire d'après‑guerre en Europe occidentale ” qui a “ coïncidé avec la victoire de la révolution chinoise ”, donc vers 1947.
La révélation est d'autant plus importante qu'elle tranche singulièrement avec les affirmations des Pablo‑Germain‑Mandel‑Frank qui évoquaient, au cours des années 1951‑53, le développement tumultueux de la révolution afin de justifier leur trahison du programme de la IVe internationale. Rappelons à leurs mémoires défaillantes comment ils présentaient le “ complexe dialectique guerre‑révolution, révolution-guerre ” .
“ Cette révolution est éminemment permanente comme jamais elle ne l'a été : permanente dans le sens que la lutte commencée par les masses coloniales contre les classes dirigeantes de l'impérialisme, par le prolétariat contre le capitalisme, par l'impérialisme contre l'U.R.S.S., ne pourra plus s'arrêter, elle s'approfondira et s'amplifiera en accélérant son rythme, embrassant des forces toujours nouvelles, rompant tous les équilibres, emportant dans son courant torrentiel les épaves de toutes les situations et de tous les régimes vermoulus jusqu'à la victoire du socialisme mondial ”. (Quatrième Internationale, janvier 1951, Editorial page 4).
A cette lecture un frisson, dont on ne sait s'il est dû à la terreur qu'inspire une situation aussi apocalyptique ou à l'enthousiasme que soulève le “ courant torrentiel ” de la révolution prolétarienne, nous parcourt. Il reste que se pose une singulière question : comment se fait‑il qu'en 1951 le “ courant torrentiel ” de la révolution mondiale déferle et que “ la défaite de la vague révolutionnaire d'après la guerre en Europe occidentale ait coïncidé avec la victoire de la révolution chinoise en 1947 ” ? Mandel‑Germain auraient‑ils découvert (entre autres choses) la machine à remonter le temps ? Faire battre en 1947 une révolution aussi prodigieuse qui se développait en 1951 et les années suivantes !!! Après de semblables exploits, qui douterait de la réincarnation, de la métempsycose, des tables tournantes, de la multiplication des pains ? Il suffit de disposer du médium. De mauvais esprits prétendront sans doute que Germain‑Mandel‑Frank‑PabIo et leur suite sont des fumistes... laissons leur la responsabilité de cette hypothèse hasardeuse.