1945

Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! LA LUTTE de CLASSES Organe de l'Union Communiste (IVème Internationale) n°42 - 3ème année


LA LUTTE DE CLASSES nº 42

Barta

18 janvier 1945


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QUE SE PASSE-T-IL EN AFRIQUE DU NORD ?

Ces temps derniers, certains journaux se sont préoccupés de la situation en Afrique du Nord. Celle-ci est tellement tragique qu'il devenait désormais impossible à la presse "démocrate" de la passer plus longtemps sous silence.

Bien entendu, il ne s'agissait pas pour ces journaux de défendre les indigènes d'Algérie, du Maroc ou de Tunisie, mais de faire appel à la vigilance gouvernementale pour limiter les "abus" ; c'est à cette fin aussi que le C.N.R. décida d'envoyer en Afrique du Nord une "commission d'information".

Cette commission, quoique inoffensive, a été interdite par De Gaulle. Effectivement, à quoi servirait-elle ? Si dans la Métropole le C.N.R. sert de camouflage, d'ornement "démocratique" à la machine gouvernementale bonapartiste de De Gaulle, quel serait son rôle en Afrique du Nord ? Là-bas il ne s'agit nullement d'abus à "réformer", de faire patienter les masses. Un conflit mortel oppose les colons exploiteurs et oppresseurs et les 9/10 de la population indigène. Dans ces conditions, la commission d'enquête du C.N.R., si elle rassurerait "les esprits inquiets" de la Métropole, ne ferait au contraire qu'aggraver la situation politique en Afrique du Nord si elle était prise au sérieux par les indigènes. Car si les indigènes pensaient avoir l'appui de la "démocratie" cela ne pourrait que les inciter encore plus à l'action directe contre les colons.

C'est pourquoi seule la politique des colons est approuvée par le gouvernement : répression colonialiste sans phrases. Ici il n'y a pas de place pour les balivernes du C.N.R. dont l'inutilité devient de plus en plus visible dans la Métropole même, où ses "Comités" (sic) ne font que "suggérer" dans une situation qui appelle de plus en plus une solution radicale.

Cependant, le sort des classes laborieuses de l'Afrique du Nord ne sera pas laissé par les travailleurs de France à la merci du gouvernement de De Gaulle, c'est-à-dire des colons, exploiteurs féroces et fascistes. Les travailleurs savent que si les Nord-Africains sont écrasés par le gouvernement français pour sauver la domination des colons, ceux-ci se serviront de l'Afrique du Nord comme Franco s'est servi des Marocains du Rif : pour écraser les travailleurs de la Métropole et instaurer en France même un régime de terreur ouverte.

La situation en Afrique du Nord

Depuis quatre ans les masses indigènes d'Algérie, de Tunisie et du Maroc sont en proie à la famine et au typhus. L'Afrique du Nord n'a rien à se mettre sur le dos, rien à manger. Des millions d'hommes, de femmes et d'enfants sont en haillons, habillés de chiffons ou de sacs. Il ne s'agit plus pour eux de se vêtir, mais simplement de ne pas choquer la décence. Dans la plupart des familles indigènes, il n'y a qu'un misérable vêtement pour trois ou quatre personnes, vêtement que chacun met à tour de rôle pour sortir.

Quant au ravitaillement, il est inexistant. Les villes où il y a une majorité européenne connaissent les restrictions, mais sont tout de même assurées d'un minimum vital. Mais les campagnes sont littéralement affamées, les campagnes où vivent 95% des indigènes, c'est-à-dire les 9/10 de la population totale. La base de l'alimentation indigène est le couscous. Pour faire du couscous, il faut de la farine. Or, la ration mensuelle allouée à chaque indigène par le ravitaillement est de 3 kg d'orge ou 3 kg de blé, soit 2 kg 500 de farine pour l'orge et l kg 500 à 2 kg pour le blé. Cela représente une moyenne de 50 g. de pain par jour. Il faut ajouter qu'ils n'ont souvent rien d'autre pour compléter cette maigre pitance : peu de légumes, pas de viande. On peut penser que s'ils recevaient pour toute nourriture nos 350 g de pain quotidiens, ils croiraient nager dans l'abondance, tant leur misère est effroyable ! Avant la guerre, le minimum vital pour chaque individu était de 20 à 25 kg de farine par mois. La ration actuelle représente donc à peine les 10% du minimum. De plus, les distributions se font là-bas d'une façon très irrégulière, avec des retards de 2 à 3 mois.

Dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner si à l'heure actuelle, comme on l'écrit là-bas, des millions d'êtres humains vivent comme des bêtes, se nourrissent d'herbes et de racines. Il ne faut pas s'étonner si le typhus, "maladie de carence" par excellence, fait rage en Afrique du Nord. Et cela depuis quatre ans ! On estime que dans la seule Algérie il y a eu plus de 30.000 victimes en 1940-1941. Et depuis le nombre des morts par le typhus n'a fait que s'accroître. Tout récemment il y a eu 33 morts en une seule nuit dans un petit village de quelques centaines d'habitants. Un village kabyle qui comprenait 1400 habitants n'en compte plus que 300, soit 1100 victimes. Et pourtant dans la masse, la Kabylie était une des régions les plus résistantes aux épidémies. Mais aujourd'hui le typhus, compagnon inévitable de la famine, n'est pas localisé, il est général.

Jusqu'en 1942 on pouvait penser que cela était le fruit de la politique de Vichy, qui faisait des prélèvements massifs sur l'économie nord-africaine. Mais depuis, ce pays aurait dû connaître les bienfaits de l'intervention américaine, une avalanche de cotonnades et de corned-beef. Or il n'en a rien été et la situation des masses indigènes, comme en France, s'est encore aggravée.

Qu'est-ce que cela veut dire ? Sans doute il serait très facile aux Américains, avec quelques bateaux, de ravitailler les populations nord-africaines. Et les nécessités de la guerre ne sont pas telles qu'elles rendent impossible l'organisation d'un trafic aussi réduit. Mais voilà !

L'impérialisme américain a des visées sur l'Afrique du Nord, et comme l'impérialisme français n'entend ni céder sa place ni composer, il fait crever l'indigène sans l'ombre d'un regret.

Le sort tragique des peuples nord-africains est donc un aspect de la lutte impérialiste. Mais il est d'abord l'aboutissement d'une exploitation impérialiste conduite d'une façon systématique et impitoyable.

En effet, est-ce que les ressources de l'Afrique du Nord ne devraient pas lui permettre de nourrir largement toute sa population ? Sans aucun doute il y a là-bas de tout pour tous. Autrefois, avant la conquête française, l'ensemble de la population nord-africaine était formée de petits et moyens paysans tirant de leurs terres des ressources suffisantes pour leur subsistance. Mais les colons français ont exproprié l'indigène sur une large échelle et réduit les 9/10 de la population à une condition prolétarienne. Elle a abouti à l'extrême paupérisation des masses indigènes et à l'énorme enrichissement des gros colons.

L'exemple le plus typique est celui de l'Algérie. En moins d'un siècle la propriété indigène y est passée de 16 millions d'ha à 7 millions. L'Etat colonial et les gros colons se sont donc approprié 9 millions d'ha. Trois mille gros colons y possèdent près de 2 millions d'ha, c'est-à-dire autant qu'un million et demi de propriétaires indigènes. Six gros vignerons y récoltent plus de 3 millions d'hectolitres de vin. Certaines entreprises capitalistes y possèdent plus de 50.000 ha de terre. Au contraire, 70% de la paysannerie indigène n'ont qu'une moyenne de 2 ha de mauvaises terres.

Ainsi, le résultat le plus évident de la colonisation française est la constitution d'une "féodalité" terrienne et économique vivant de l'exploitation intensive des masses indigènes préalablement expropriées et prolétarisées.

Aujourd'hui 99% des populations indigènes de l'Afrique du Nord sont formées d'ouvriers agricoles, de demi-fellahs et de travailleurs, qui n'ont d'autre ressource que leurs bras pour gagner le pain de leurs nombreuses familles. Il s'est donc constitué dans ce pays une abondante main-d'œuvre qui a longtemps permis aux capitalistes et aux trusts coloniaux de pratiquer une politique de bas salaires : de 3 à 10 frs par journée de 12 à 14 heures de travail.

Avec un salaire journalier de 10 frs, comment nourrir et habiller une famille de 5 personnes, alors que le quintal de blé coûtait 180 frs, le mètre d'étoffe 20 frs, une paire de chaussures 50 à 100 frs ? Aussi bien, la plupart des indigènes se nourrissaient-ils d'orge et de glands, sans manger toujours à leur faim. Ils allaient pieds-nus ou chaussés d'espadrilles et s'achetaient une gandoura par an, qu'ils portaient jusqu'à usure complète.

Donc en temps normal, l'indigène était sous-alimenté et misérablement vêtu. Il n'avait aucune réserve alimentaire ni vestimentaire. Qu'une mauvaise récolte survienne et la faim se transforme en famine et appelle le typhus. La guerre actuelle a eu ainsi pour effet d'aggraver et de généraliser jusqu'à la catastrophe un état de choses endémique, conséquence inéluctable de l'exploitation impérialiste.

Et pourtant il y a encore du blé dans les silos des gros colons et des grosses sociétés. Mais ils ne le livrent pas et l'administration locale qui leur est entièrement dévouée, les laisse faire. Ils préfèrent le vendre au marché noir. Mais ils préfèrent voir le fellah crever de faim, dans l'espoir de le pousser à la révolte, puis d'amener le gouvernement à pratiquer une bonne répression. Et à la faveur de cette répression ils espèrent faire avorter tout projet de réforme en faveur de l'indigène et surtout obtenir un retour à la politique des bas salaires, aux 5 ou 6 francs journaliers d'avant-guerre qui leur assuraient de si substantiels bénéfices.


Telle est la situation de l'Afrique du Nord. Exploitée à outrance par les colons et les capitalistes français maîtres de l'administration, elle ne peut renaître à la vie que par l'expulsion des intrus qui absorbent toute sa substance vitale. C'est ce que veulent les indigènes : c'est-à-dire l'indépendance de l'Afrique du Nord. Il y a là-bas une haine farouche et générale pour l'exploiteur français. Les mouvements nationalistes nord-africains ont pris une ampleur extraordinaire ; des troubles se produisent un peu partout et l'on parle même de l'existence d'un maquis.

Mais, nous répondra-t-on (et c'est un argument souvent invoqué par les chefs staliniens pour expliquer pourquoi ils ne soutiennent plus les Abd-el-Krim de l'Afrique du Nord), dans le monde capitaliste actuel l'Afrique du Nord ne peut pas être indépendante : si la France n'y était pas ce serait l'Amérique ou l'Angleterre qui prendrait sa place ! Argument d'exploiteurs, de capitalistes : "si ce n'est pas moi qui exploite mon ouvrier, ce sera un autre, qui sera peut-être pire". Mais cet argument ne vaut rien. L'indépendance de l'Afrique du Nord n'est pas un cadeau qui tomberait du ciel aux Nord-Africains. Cette indépendance doit être le résultat d'une lutte acharnée menée par les peuples indigènes et les travailleurs métropolitains contre les 200 familles. Victorieux dans cette lutte, l'appui du prolétariat mondial et des autres peuples coloniaux (qui forment l'énorme majorité de la population du globe) les rendra invincibles.

Le prolétariat de France sait qu'un peuple qui en opprime un autre n'est pas un peuple libre. Il rejette entièrement la responsabilité de l'exploitation des peuples de l'Afrique du Nord sur les 200 familles. Au moment où les impérialistes de France, d'Amérique et d'Angleterre commencent à se prendre aux cheveux pour le pillage de l'Afrique du Nord, il proclame hautement le droit de ces peuples à disposer d'eux-mêmes jusques et y compris la séparation de la France. Les travailleurs français savent maintenant qu'à notre époque on ne peut plus maintenir assujetti un peuple qui veut sa liberté et son indépendance.

Pour le droit de l'Afrique du Nord à disposer d'elle-même !

Pour une COMMISSION D'ENQUETE OUVRIERE IMPOSEE au gouvernement !

Pour l'échange économique avec l'Afrique du Nord par l'expropriation des colons monopoleurs et affameurs des indigènes et de la France !

Travailleurs, l'exploitation des colonies maintient vos propres chaînes ; le colonialisme est une pratique capitaliste ! Sur cette question aussi rompons délibérément et radicalement avec le passé. Ainsi seulement l'avenir nous appartiendra !


LENINE SUR LA GUERRE

Le 21 janvier est le vingt-et-unième anniversaire de la mort de Lénine. Les social-patriotes "honorent" aujourd'hui sa mémoire, mais en réalité ils ne font que la bafouer.

Le manifeste ci-dessous, écrit par Lénine en 1915 à l'occasion de la conférence de Zimmerwald (premier jalon de la IIIème Internationale) représente la politique de Lénine pendant la première guerre mondiale, politique pour laquelle il a combattu avec acharnement et sur la base de laquelle le prolétariat russe en 1917 a mis fin à la guerre en renversant la bourgeoisie.

C'est aussi la politique pour laquelle lutte aujourd'hui la IVème Internationale, fidèle à l'enseignement de Lénine, et que combattent par tous les moyens en leur pouvoir les social-patriotes, "socialistes" et staliniens.

La politique de Lénine et de la IVème Internationale, celle du manifeste de Zimmerwald, défend les intérêts des masses travailleuses contre les exploiteurs capitalistes et contre leur guerre. Les social-patriotes "socialistes" et staliniens appuient les visées impérialistes de la bourgeoisie et défendent la guerre des capitalistes contre les masses travailleuses.

A bas la guerre impérialiste ! A bas les social-chauvins !


PROLETAIRES D'EUROPE !

La guerre dure depuis plus d'un an. Les champs de bataille sont jonchés de millions de morts, des millions d'estropiés sont condamnés à être toute leur vie en charge aux autres et à eux-mêmes. La guerre a causé d'épouvantables ravages et amènera une hausse énorme des impôts.

Les capitalistes de tous les pays qui, au prix du sang des prolétaires, font durant la guerre des profits énormes, exigent des masses populaires qu'elles donnent tous leurs efforts afin de tenir jusqu'au bout. Ils assurent que la guerre est nécessaire pour la défense de la patrie et qu'elle est menée dans les intérêts de la démocratie. Ils mentent effrontément. Dans aucun des pays, la guerre n'a été déclenchée par les capitalistes parce que l'indépendance de la nation était en danger ou parce qu'ils désiraient libérer quelque peuple assujetti que ce soit. Ils ont mené les masses populaires à la boucherie pour opprimer et exploiter d'autres peuples. Ils n'avaient point pu s'entendre sur le partage des peuples qui, en Asie et en Afrique, avaient encore conservé leur indépendance, et ils s'excitaient les uns contre les autres, cherchant à s'arracher le butin déjà conquis.

Ce n'est donc ni pour leur propre libération, ni pour la libération d'autres peuples que coule sur tous les points de l'énorme abattoir qu'est en ce moment l'Europe le sang des masses populaires. Cette guerre n'apportera au prolétariat d'Europe et aux peuples d'Asie et d'Afrique que de nouvelles chaînes et de nouveaux fardeaux. Il est donc inutile de mener cette guerre jusqu'au bout, jusqu'à la dernière goutte de sang ; il faut, au contraire, tendre tous nos efforts pour y mettre fin.

Et l'heure a déjà sonné, il est temps de réagir. Et, tout d'abord, il faudra que vous exigiez de vos députés socialistes, que vous avez envoyés au parlement pour mener la lutte contre le capitalisme, contre le militarisme, contre l'exploitation du peuple, qu'ils remplissent leur devoir. Ils ont tous, à l'exception des députés russes, serbes et italiens, et des députés Liebknecht et Ruhle, foulé au pied ce devoir. Les uns ont soutenu la bourgeoisie dans sa guerre de brigandage, les autres se sont soustraits à toute responsabilité. Vous devez exiger d'eux, ou bien qu'ils démissionnent, ou bien qu'ils tirent parti de la tribune parlementaire pour expliquer au peuple le véritable caractère de cette guerre, et qu'en dehors du parlement ils aident la classe ouvrière à commencer la lutte. Et vous devez surtout exiger d'eux QU'ILS REFUSENT TOUT VOTE DE CREDITS MILITAIRES ET QU'ILS QUITTENT LES MINISTERES en France, en Belgique et en Angleterre. Mais ce n'est point encore tout. Les députés ne peuvent vous sauver des furies de la guerre qui boivent votre sang. VOUS DEVEZ AGIR VOUS-MEMES. Vous devez tirer parti de toutes vos organisations, de tous les organes de votre presse pour soulever contre la guerre la révolte des masses qui gémissent maintenant sous son fardeau. Vous devez descendre dans la rue et, là, crier à la face des classes dirigeantes : "ASSEZ DE BOUCHERIE !" Qu'importe que les classes dirigeantes restent sourdes à vos cris, les masses mécontentes du peuple vous entendront et se joindront à vous dans votre lutte.

Il est indispensable de protester énergiquement contre la guerre, il faut protester bien haut contre l'exploitation de peuples par d'autres peuples, contre le partage de peuples entre divers Etats. Tout cela aura lieu en cas de victoire de n'importe quel gouvernement capitaliste si cette victoire lui donne la possibilité de dicter les conditions de paix. Si nous permettons aux capitalistes de conclure la paix comme ils ont commencé la guerre sans l'assentiment des peuples, les nouvelles conquêtes renforceront dans le pays victorieux, non seulement la réaction et le bon plaisir policier, mais elles fermenteront de nouvelles guerres plus épouvantables encore.

Le but que doit rechercher la classe ouvrière de tous les pays belligérants doit être le renversement des gouvernements capitalistes. Car ce n'est que lorsque tout le pouvoir de disposer de la vie des peuples aura été arraché à la bourgeoisie que le prolétariat pourra mettre fin à toute guerre, à toute exploitation de peuples par d'autres peuples. Et ce n'est que lorsqu'ils seront libérés de tout pouvoir du capital, de toute misère et de toutes calamités, que les peuples seront en état d'organiser leurs relations non point par voie de guerre, mais par voie d'ententes amicales. Le but auquel nous tendons est grandiose et son accomplissement exigera de nous la plus grande tension de nos forces et les plus grands sacrifices. Le chemin vers le triomphe de notre cause sera probablement long. Les moyens pacifiques seront insuffisants pour prendre le dessus sur nos adversaires. Mais ce n'est que lorsque vous serez prêts à faire pour votre propre cause et pour votre propre libération dans la lutte contre le capital, ne fût-ce qu'une partie des sacrifices que vous faites en ce moment sur les champs de bataille pour les intérêts des capitalistes, que vous serez en état de mettre fin à cette guerre et de poser des bases solides d'une paix durable qui, d'esclaves du Capital, vous transformera en hommes libres.

MAIS SI LA BOURGEOISIE ET LES PARTIS SOCIALISTES, QUI LA SOUTIENNENT, PARVIENNENT A VOUS EMPECHER D'ENTRER EN LUTTE, SI VOUS VOUS CONTENTEZ DE SOUPIRS ET D'ASPIRATIONS STERILES, SI VOUS NE VOUS DECIDEZ POINT A MONTER A L'ASSAUT ET A DONNER VOTRE AME ET VOTRE VIE POUR CETTE GRANDE CAUSE, ALORS LE CAPITAL POURRA CONTINUER TANT QU'IL VOUDRA A GASPILLER VOTRE SANG ET VOTRE BIEN.

Dans tous les pays, le nombre des hommes qui pensent comme nous grandit tous les jours ; ce sont eux qui nous ont chargés de nous réunir ici, représentants de différents pays, afin de vous appeler à la lutte. Nous mènerons cette lutte en nous soutenant mutuellement, car nos intérêts sont semblables et rien ne nous sépare. Il faut que les prolétaires révolutionnaires se fassent un point d'honneur de servir aux autres de modèle d'énergie, d'activité et d'esprit de sacrifice. Ce n'est point en attendant peureusement les résultats de la lutte des autres, – c'est en s'empressant aux premiers rangs de la lutte que nous pourrons former une internationale puissante qui mettra fin à la guerre et au capitalisme.


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