1943 |
LA LUTTE de CLASSES - n° 9
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"L'époque du déclin capitaliste porte les coups les plus durs à la femme, tant comme ouvrière que comme ménagère. Les sections de la Quatrième Internationale doivent chercher appui dans les couches les plus opprimées de la classe ouvrière, et par conséquent, chez les femmes travailleuses. Elles y trouveront des sources inépuisables de dévouement, d'abnégation et d'esprit de sacrifice." (L'agonie du capitalisme et les tâches de la IVème Internationale) |
Subitement, la bourgeoisie redécouvre les qualités professionnelles de la femme. La femme que le régime de Vichy a profondément humiliée par des mesures consacrant son "infériorité" sociale (statut de la femme mariée, etc...), figure de nouveau en première page des journaux, non pas au foyer conjugal parmi les casseroles (vides) et la marmaille (affamée), mais derrière la machine, à l'atelier, où elle fait montre d'une habileté toute particulière.
Après la débâcle de juin 1940, la bourgeoisie entreprit d'empêcher la lutte commune des exploités contre le capitalisme fauteur de guerre et de misère, et de désunir les travailleurs. Disposant de toutes les ressources du pouvoir policier, elle pourchassa les "étrangers", mit au ban de la société les "Juifs" (en détournant la colère des masses contre un supposé "capitalisme juif" la bourgeoisie protégeait ainsi les capitalistes en chair et en os avec ou sans religion) et, pour diviser ouvriers et ouvrières, chassa la femme au foyer.
D'où viennent ces alternatives de mépris et d'engouement pour la femme de la part des organes capitalistes ? Que se cache-t-il derrière ?
Toujours un but d'exploitation économique.
Engagé dans une lutte à mort pour étendre toujours plus sa domination, le capitalisme impérialiste (c'est-à-dire la domination de l'Etat et de toute la vie sociale par le grand capital) provoque des changements brusques et profonds dans la vie des peuples. Chômage complet ou travail forcé pour toute la population, esclavage familial ("retour au foyer") ou dispersion de toutes les familles, tels sont maintenant les effets de la domination de la bourgeoisie. Vichy déporte les hommes en Allemagne pour y travailler au sauvetage du capitalisme européen contre l'Union Soviétique et veut que la femme les remplace dans les usines en France, pour la même besogne : fabriquer des engins de mort.
Si les capitalistes sont prodigues de louanges sur l'habileté et même sur la supériorité dans certains cas du travail de la femme, c'est que l'ouvrière continue à être, à travail égal, moins payée que l'ouvrier.
Les femmes (de même que les jeunes), sont plus que jamais surexploitées par la bourgeoisie. Et dans la situation actuelle, les conséquences de l'insuffisance des salaires sont d'autant plus graves pour la femme, qu'exploitée à l'usine, elle doit continuer son travail de ménagère, terrible esclavage surtout quand il faut soigner enfants et mari. Et, parmi les travailleuses les plus mal payées, la famine appelle la prostitution, suprême exploitation de la femme.
La femme travailleuse ne doit pas accepter avec résignation la double exploitation que lui impose le capitalisme, en tant qu'ouvrière et en tant que ménagère. Les ouvrières entreront également dans la lutte pour mettre fin à la situation de plus en plus intolérable que leur crée le régime bourgeois pourrissant.
Il faut faire le premier pas en commençant une action résolue basée sur la grève, pour l'amélioration des salaires et pour la revendication du salaire égal à travail égal pour tous les ouvriers sans distinction d'âge et de sexe. Lier cette lutte à celle des ouvriers contre la déportation pour la guerre contre l'URSS, voilà le premier moyen d'unifier tous les exploités contre les exploiteurs et faire échec aux plans de guerre impérialistes.
Autrefois la lutte de la femme pour l'égalité juridique et politique rencontrait l'incompréhension ou même l'hostilité des ouvriers les plus arriérés. Mais le régime policier de Vichy a réalisé la plus complète égalité politique de l'homme et de la femme, en les écrasant tous les deux. Ensemble, ils doivent lutter pour la reconquête des droits de la classe ouvrière (liberté de réunion, de presse, droit de grève, etc.) y compris le droit de vote pour les deux sexes à partir de 18 ans (peut-être à partir de 17 ou même de 16 ans puisque la bourgeoisie considère qu'à cet âge-là un jeune homme peut devenir chair à canon et qu'une jeune fille peut se marier et avoir des enfants).
Pour lutter avec succès pour ces revendications la classe ouvrière doit s'organiser. Les organisations de lutte (économiques et politiques) du prolétariat doivent être basées sur la plus complète égalité de devoirs et de droits entre l'homme et la femme dans tous les domaines et pour toutes les tâches quelles qu'elles soient.
Sous le régime capitaliste, qui a pour base la famille en tant que petite entreprise économique individuelle, l'égalité réelle et complète de la femme dans la société (égalité de charges et de droits) n'est pas possible. Libérer la femme, seule le peut la société socialiste qui libère la famille de l'esclavage économique en transformant les charges individuelles en charges sociales : maternités, crèches, jardins d'enfants, restaurants, blanchisseries, dispensaires, hôpitaux, sanatoria, organisations sportives, cinés, théâtres, etc..., la société bourgeoise connaît tout cela, mais dans quelle mesure et dans quel but ? Hôpitaux, maternités, restaurants, etc... doivent seulement entretenir, dans la mesure strictement indispensable à la production capitaliste, l'efficacité de la main-d'œuvre (assurances sociales, etc...). Théâtres, cinés, organisations sportives, etc... tout cela n'est pas destiné à rendre la vie heureuse et à instruire, mais à abrutir et à maintenir les masses sous la domination de l'idéologie bourgeoise. Quelles que soient les améliorations conquises, la grande majorité des femmes croupira toujours tant que les moyens de production appartiendront à la bourgeoisie. Ce n'est que quand la classe ouvrière sera la maîtresse de ses instruments de production et de répartition et quand la femme prendra part à leur administration et au travail dans les mêmes conditions que tous les membres de la société travailleuse, que ses qualités pourront s'épanouir librement et harmonieusement.
La Quatrième Internationale attire tout particulièrement l'attention des femmes travailleuses sur le fait que le seul pays où la femme ait réalisé le maximum d'égalité c'est l'URSS, c'est-à-dire le pays qui s'est développé par la révolution prolétarienne d'Octobre 17. Elle attire également l'attention des ouvriers sur le fait que sans l'entrée en lutte à ses côtés des ouvrières le prolétariat ne pourra jamais vaincre la bourgeoisie.
Pour améliorer les salaires et les conditions de vie, vive l'union de lutte de l'ouvrier et de l'ouvrière ! A travail égal, salaire égal ! Egalité juridique pour la femme : à bas les statuts de la femme mariée ! En s'opposant par la grève à ce que les ouvriers soient déportés pour la relève impérialiste contre l'URSS, les ouvriers et les ouvrières commenceront la lutte qui mettra fin à la guerre impérialiste, au régime de misère et d'oppression, la lutte qui nous mènera au gouvernement ouvrier et paysan, le gouvernement des travailleuses et des travailleurs !
Pour
comprendre la politique des impérialistes anglais et américains
dans la présente guerre depuis que l'Union Soviétique et l'Allemagne
impérialiste sont aux prises, il faut se rappeler comment les gouvernements
alliés se situent eux-mêmes par rapport à l'URSS. Répondant
à la propagande allemande qui agite le péril bolchévique
incarné par l'URSS, Radio-Londres, pour rassurer le monde capitaliste
fait valoir :
1) que l'URSS est tellement affaiblie par les destructions
occasionnées par la guerre qu'il lui faudra vingt ans pour la reconstruction
du pays ;
2) que les puissances anglo-saxonnes en guerre représentent
un contre-poids suffisant pour barrer la route à l'URSS en cas de
défaite de l'Allemagne.
Les impérialismes anglais et américain visent à établir leur domination sur le monde. Si ces visées les contraignent à utiliser la lutte de la Chine contre le Japon et de l'URSS contre l'Allemagne, ils doivent aussi (car il s'agit de leur sort en cas d'échec) empêcher et l'URSS et la Chine de remporter une victoire complète sur leurs adversaires impérialistes.
Ainsi, l'offensive annoncée par les alliés a-t-elle deux tranchants : elle ne vise à vaincre les puissances de l'Axe que pour établir leur propre domination sur le monde et leur propre barrage devant l'URSS, faute de mieux, c'est-à-dire le rétablissement du capitalisme en URSS et l'exploitation coloniale de la Chine.
Roosevelt et Churchill exigent la capitulation sans conditions des pays de l'Axe. Cette conclusion officielle des dix jours de conversations impérialistes a pour but de faire croire aux masses que le but de guerre des alliés c'est de punir les responsables de la guerre (châtier un criminel c'est poser en justicier) et les mettre dans l'impossibilité de "recommencer".
L'Italie et le Japon étaient dans l'autre guerre dans le camp allié. Vingt ans après, ils ont recommencé dans le camp de l'Axe. Quelles garanties les "nations unies" donnent-elles au monde sur leur propre attitude ? En réalité cette phrase ("capitulation sans conditions") veut dire que seuls MM. Roosevelt et Churchill régleraient le sort du monde, c'est-à-dire de tous les peuples. Y a-t-il un seul ouvrier pour oser confier le sort de sa classe, de ses proches et du sien propre aux chiens de garde du capital anglais et américain ? Ne serait-il pas criminel de faire de nouveau crédit aux faillis frauduleux de Versailles qui tous les vingt ans ont besoin d'un carnage mondial pour sauver la paix et la civilisation ?
Nous devons prendre notre sort entre nos propres mains. Nous n'appelons pas l'intervention des alliés. Nous utiliserons pour la Révolution prolétarienne toutes les circonstances que feront naître les contradictions impérialistes. Dans la lutte que nous menons avec le prolétariat de l'URSS et son Armée Rouge contre l'Allemagne impérialiste et ses alliés capitalistes européens, nous profiterons de la nécessité où se trouvera l'Allemagne d'affaiblir les contingents d'occupation en vue de faire face à ses besoins du front, pour renverser le capitalisme et instaurer les Etats-Unis socialistes d'Europe.
Ainsi nous ferons échec à tous les plans impérialistes et nous mènerons la société humaine à la paix, à la liberté et au bien-être de tous.
Hitler ne peut lutter contre l'intervention militaire alliée qu'avec des forces impérialistes, qui succombent à la tâche d'établir la domination du capital financier allemand sur le monde. La Révolution prolétarienne en Europe, c'est-à-dire les Etats-Unis socialistes d'Europe qui tendront la main aux ouvriers de l'URSS, opposeront aux tentatives de l'impérialisme anglo-américain de détruire les Soviets européens et russes une force révolutionnaire qui sapera la base même des impérialismes anglais et américain. La Révolution en Europe soulevera les peuples d'Afrique et d'Asie contre l'impérialisme et les prolétariats anglais et américain contre leur propre bourgeoisie.
DE CETTE GUERRE SORTIRONT LES ETATS-UNIS SOCIALISTES DU MONDE, OU LE MONDE NE SORTIRA PLUS DE LA GUERRE !